Elle n’avait habituellement jamais besoin de se battre pour un client. Elle s’arrangeait constamment avec ses collègues pour que chacune aient son dû. Pour ce qui était des clientes, elle n’avait jusque-là jamais rencontré de quelconque problème, sujeong était une femme relativement intimidante lorsqu’elle le voulait et ce n’était dans l’intérêt de personne de se la mettre à dos. Mais voyez-vous, il y avait toujours des exceptions, ce genre d’exception qui vous énerve, ce genre d’exception qui arrive constamment au mauvais moment. Cette femme qui lui faisait face en faisait partie. Il aurait été stupide de penser qu’elle puisse lâcher le morceau aussi facilement. Une prédatrice, une vile femme, qui ne lâcherait pas sa proie et ce, même si sa jolie proie était déjà occupée par une autre femme. Craquant légèrement ses phalanges, la jeune coréenne se mordit la lèvre inférieure tentant de canaliser son agacement. Il était bien connus que sujeong s’énervait facilement mais là, elle ne pouvait tout simplement pas se permettre de se la jouer violente sur son lieu de travail. « vous êtes un trop bon danseur pour avoir envie de vous désaltérer maintenant; restez donc avec moi ~ ». Expirant tout en serrant les dents, la jeune danseuse laissa un doux sourire se dessiner sur ses lèvres tandis que ses petits doigts se posaient sur la main de l’inconnue, l’obligeant ainsi à relâcher la chemise de son client. Se tournant légèrement tout en plongeant son regard enfantin dans celui de son compagnon, elle entrouvrit les lèvres dans une mimique boudeuse. « Oppa, comment pouvez-vous vous faire avoir par ce genre de femmes ? » Fixant la chemise du jeune homme, elle remarqua un bouton déboutonné qu’elle s’empressa de reboutonné tout en se penchant laissant son client entrevoir une poitrine généreuse. Puis se relevant avec sensualité, elle saisissait la main du jeune homme comme l’aurait fait une jeune femme avec son petit ami. « Désolé que cela puisse vous déplaire mais ce jeune homme est déjà en bonne compagnie, mais je ne doute point que vous en trouviez un autre. » Un petit rictus de satisfaction sur les lèvres, elle adressa un léger sourire à sa rivale tandis que son partenaire l’emmenait délicatement vers le bar son bras à présent autour de ses jeunes hanches. Que la soirée reprenne.

Elle n’était pas violente, ne l’avait d’ailleurs jamais été. Certes il lui arrivait de s’énerver facilement mais de là à en venir à manquer de respect à autrui, non décidemment ce n’était pas son genre. D’ailleurs elle soupçonnait vivement mogsoli de se cacher derrière ses élans d’agressivité et de sarcasme. Sujeong n’aurait jamais songé renverser son verre sur autrui encore moins en public et pour une raison aussi futile mais voilà elle l’avait fait. Le pire dans tout cela c’est que ça la faisait rire, rire à s’en pisser dessus même. Elle devait passer pour une folle mais elle s’en moquait, sa « rivale » l’avait poussée à bout avec ses gamineries. Si elle était fière ? Bien sûr qu’elle était après tout elle ne faisait que rendre à la jeune femme ce qu’elle méritait et encore.. Ce n’était rien à côté de ce que mogsoli pouvait la pousser à faire. Là, maintenant même son client ne l’importait plus, de toute manière si elle flanchait, une de ses collègues se chargerait de régler le tire et de s’occuper du jeune homme. De toute manière avec une telle tenue, elle ne valait plus grand-chose. « Vous avez le choix : passer la soirée avec une jeune de sûrement moins de vingt ans, qui est sûrement là juste pour vous faire boire ; et une jeune femme de vingt-cinq ans passé, qui est d'une toute aussi bonne compagnie que la première, mais qui ne veut pas que vous saouler... » Elle étouffa un rire, tout en fixant son client visiblement déjà bien enivré par l’alcool, aussi pitoyable que tous ses autres clients mais bien plus riche que ceux-ci. « Oui vous avez le choix entre une femme qui vous fera passer un bon moment au club, ceci tout en consommant et une femme qui ne fera pas que vous saouler mais qui vous escroquera et qui vous refilera tout un tas de mst , choix difficile. » Fixant son aînée, elle afficha un petit rictus sadique tout en croisant les bras, ne guettant même pas la réaction de son client, réaction qui ne l’importait guère. « il y a à présent deux possibilités, soit on règle ça ici devant tout ce beau petit monde soit on sort dehors régler nos affaires comme de grandes filles que nous sommes. » A toi de choisir, à trop chercher ta cadette tu as finis par la trouver.

Habituellement, elle aurait lâché l’affaire et laissé une de ses collègues s’occupait de son client mais s’il y avait bien une chose que la jeune coréenne ne supportait pas c’était bien que l’on l’agresse. Oh, ne me dites pas que pour vous un verre de vodka renversé sur une robe du plus de deux cents euros n’était pas une agression car même si la robe avait été une robe de bas de gamme, le simple fait que cet acte fut volontaire était une agression. Cela suffisait même à lui faire oublier son but premier soit faire dépenser ce riche jeune homme, oui, à présent elle s’en moquait foutrement tout ce qu’elle voulait c’était donner une leçon à son aînée et ce, sans s’abîmer. « Allons donc régler tout ça dehors, voire si tu es une aussi grande fille que tu le dis. » Laissant se dessiner un doux sourire le long de ses lèvres, elle suivit la jeune asiatique du regard avant de tourner la tête vers son client, faisant signe à l’une de ses collègues de s’en occuper. Dans tous les cas, la jeune employée avait eu exactement ce qu’elle voulait, le client et son argent. La conversation qui s’en suivrait ne serait qu’un simple règlement de compte histoire de montrer à quel point le comportement de cette femme avait été pitoyable. Fixant sa rivale, elle s’humecta la lèvre inférieure amusée de voir celle-ci l’attendre patiemment. Avait-elle peur qu’elle s’enfuit en courant ? Sujeong avait beau être plus jeune que la jeune femme, cela ne faisait pas d’elle une enfant bien au contraire. C’est donc tout naturellement qu’elle marcha dignement vers la sortie et ce, malgré sa robe humide. Une discussion entre femmes matures et elle rentrerait chez elle. Elle en dirait un petit mot à son patron de main histoire de surveiller la présence de cette femme dans la discothèque et pourquoi pas lui interdire l’entrée afin qu’elle n’entache pas leur business. « Je vais faire simple, si t’amuser à faire la pétasse en venant t’immiscer entre une femme et sa proie te fait rire ce n’est pas mon cas, tu fréquentes les hommes pour t’amuser tandis que je suis payé pour ça et ne me dis pas que tu ne t’en doutais pas, contrairement aux hommes tu ne sembles pas née de la dernière pluie. » Allons-y déballons les cartes sur table, qu’on en finisse le plus tôt possible.

Il y avait des choses qui se révélaient incompréhensibles. C’est vrai lorsque l’on y songeait plus sérieusement, il était très facile, voir extrêmement facile de se prendre la tête avec autrui, de s’énerver pour un rien ou même de faire preuve de violence. L’être humain était faible, sujeong était humaine donc faible. Il faisait froid, sa robe collait son corps dans un contact désagréable et l’énervement causait par l’altercation était toujours bel et bien présent. La coréenne avait toujours eu beaucoup de mal à se calmer, il ne fallait pas oublier qu’elle n’avait que dix-neuf et restait une femme extrêmement susceptible. Cela n’amusait personne de faire la pétasse et de s’amuser avec des hommes sans réellement le désirer, la coréenne en avait conscience mais il y avait deux choses différents : le faire avec un homme non occupé par une femme et le faire avec un homme déjà occupé par une femme. Sujeong savait très bien comment se comportaient les femmes entre elles, de vraies pestes, œil pour œil dents pour dents. Alors oui, « sa rivale » avait probablement une autre vie en dehors de celle nocturne mais qu’est-ce que cela pouvait bien faire. Elle s’en contrefichait, sujeong aussi avait une autre vie en dehors du crimson club et de son emploi de danseuse et d’arnaqueuse pourtant cela ne justifiait en rien ses actes. « Et excuses-moi d'avoir bousillé ta robe, ce n'était pas de ma faute ! » L’asiatique manqua de s’étouffer avec sa propre salive, passant une main dans ses cheveux tout en se mordant nerveusement l’intérieure de la joue. Elle n’était pas folle, loin de là, cette phrase ne pouvait sous-entendre qu’une chose : mogsoli. « C’est fou j’ai l’impression que lorsque l’on n’assume pas ses actes, on reporte facilement la faute sur mogsoli, tu ne trouves pas cela honteux ? » La première règle que c’était imposé sujeong était de toujours assumer les actes de mogsoli même si elle venait à tuer quelqu’un jamais au grand jamais elle ne reporterait la faute sur mogsoli. Pour la coréenne, mogsoli n’était que le nom donné à une nouvelle forme de trouble psychologique et en rien une divinité. « Bref, si mogsoli te pousse actuellement à agir, il ne vaut mieux pas continuer la conversation car dans tous les cas celle-ci se terminera mal. » Le niveau de la jeune femme l’importait peu, seul le sadisme de mogsoli l’importait. Autant éviter les « véritables » problèmes.