Comme tout le monde autour de Bobae le savait, la jeune fille s’était mise dans la tête de faire confiance à mogsoli les yeux fermés. La voix pouvait bien lui demander ce qu’elle voulait, elle le ferait sans jamais poser de questions. Son dernier caprice ? Donner rendez-vous à une strip-teaseuse du net dans un night-club. Pour quelle raison ? Bo n’en avait aucune idée. Mais fallait-il une quelconque raison à mogsoli pour faire ce qu’elle faisait ? J’en doute. Elle avait donc poussé Bobae à aller sur le site internet où Sewa, la strip-teaseuse en question, s’exposait aux regards des gens. Ce n’est qu’au bout de quatre ou cinq strip-tease que la voix lui ordonna de prendre contact avec la jeune fille. Mal à l’aise et gênée, mais toujours aussi confiante sur les choix de mogsoli, elle n’avait aucune envie de faire marche arrière.

Ni l’une, ni l’autre ne pensaient se connaitre étant donné qu’elles ne se sont pas montré leur visage. Sewa ne savait même pas que la personne qui lui avait donné rendez-vous était une femme. Bobae avait indiqué à la strip-teaseuse qu’elles se retrouveraient au Crimson Club vers 23H, ce samedi, et qu’elle aurait au bras un sac d’un rouge sang. Ce petit détail, qui l’aidera à la retrouver facilement, pouvait ainsi mettre Sewa sur la piste d’une femme. Je vous passe le reste des détails puisqu’elle s’est préparée et s’est rendue au lieu du rendez-vous sans encombre. A peine assise au bar, elle commanda un russe blanc et commença à fixer l’entrée de la boite. D’une minute à l’autre, Sewa entrera par cette porte et la rejoindra. Et après ? Bo ne savait même pas quoi lui dire. Elle n’avait aucune excuse pour avoir fait déplacer la jeune fille, sauf bien entendu mogsoli. De loin, elle reconnut le visage d’une femme avec qui elle avait échangé quelques mots dans un magasin. A sa plus grande surprise, la jeune femme se dirigeait vers elle. Bo se leva pour faire face. Se pourrait-il que.. ? « Pas possible. » Nan, elle était seulement venue la saluer. « J’veux dire… Salut ! Encore merci pour la dernière fois ! » Elle l’avait conseillé pour une robe. Bobae déglutit et lança un regard furtif vers la porte d’entrée. Pas de signe d’une potentiel trip-teaseuse.

Elle avait beau regarder avec insistance la porte d’entrée, elle ne voyait aucune Sewa passer la porte et se diriger vers elle. En fait, elle n’avait pas envie que Sewa soit la jeune fille en face d’elle parce que ça aurait été plus que gênant pour Bobae. Elle lui avait quand même donné rendez-vous dans une boite de nuit sans aucune raison, suite à plusieurs strip-teases. La honte. Si c’était son truc, elle ne se sentirait sans doute pas comme ça. Mais comme ça ne l’était pas, elle avait juste envie de devenir invisible. La situation aurait été plus facile si elle n’avait pas connu la jeune fille. Heureusement pour elle, elles ne s’étaient croisées qu’une seule fois. Bref, la grande brune posa la question que Bo n’avait aucunement envie d’entendre, à savoir si elle attendait la fameuse Sewa. Elle plissa les yeux en se mordant la lèvre inférieure. « Oui, je… Je savais pas que j’allais tomber sur quelqu’un que je connaissais. ». Bo posa une main sur la chaise derrière elle. « J’veux dire. C’est pas de ma faute, c’est… », impossible de prononcer la suite, elle se souvint que mogsoli lui avait ordonné de ne rien dire. Il va falloir qu’elle trouve une autre excuse. « …juste que je suis un peu surprise. ».

Et Sewa dans tout ça, elle devait aussi se sentir mal à l’aise. Elle non plus ne devait pas s’attendre à tomber sur Bobae. Bon. Maintenant que Sewa était là, autant essayer de découvrir pourquoi mogsoli lui avait fait faire ça. Il devait bien y avoir une raison. Bo, elle, en était persuadée. Elle l’invita donc à boire un verre tout en s’asseyant. « Vous voulez boire quelque chose ? C’est moi qui paye. ». Elle ne savait pas par où commençait. En fait, elle ne savait même pas quoi dire. Un petit coup de main serrait la bienvenue. Pour se donner du courage, elle avala une grande gorgée de son russe blanc. « Alors, vous faites ça depuis longtemps ? ». Sous-entendu, les strip-teases du web.

La soirée allait décidément être longue pour Bobae. Et la jeune fille se disait que ça allait être la même chose du côté de Sewa. Elle était sûre qu’en temps normal, elle apprécierait passer du temps avec Sewa. Deux accros du shopping, ça ne peut que s’entendre, après tout. Et cette fois-là ; où elle l’avait conseillé pour une robe, elle lui avait semblait plus que sympathique. Mais les strip-teases, c’était pas sa tasse de thé. Encore moins avec une femme. Bo n’avait aucune envie de la connaitre de cette manière. Elle était sûre que la jeune femme qui se trouvait à côté d’elle valait mieux que ça, qu’il devait y avoir une raison à sa dépravation. Et c’est ce qu’elle allait découvrir. En attendant, Bobae passait pour une perverse qui aimait mater les femmes sur internet. La situation était TROP gênante. Elle n’osait même pas la regarder en face. Assises l’une à côté de l’autre, Bo fixait son verre, dont elle but encore une grande gorgée.

A vrai dire, Bo ne s’attendait pas à cette réponse. Mais elle commençait à comprendre pourquoi mogsoli l’avait poussé dans cette histoire. Une question lui brûlait les lèvres, il fallait qu’elle la pose. Et justement, la voix la poussa à le faire. « Pourquoi ne pas changer de travail dans ce cas, ou bien cumuler un second emploi un peu moins… ». Elle hésita sur le dernier mot de sa phrase : « dépravant. ». Elle baissa la tête. Elle y était allée un peu fort avec cette question. Pour la première fois depuis qu’elles étaient assises, Bobae se tourna et la regarda dans les yeux. « Je suis désolée. Je me mêle de ce qui ne me regarde pas. ». Elle avait tout de même envie d’entendre sa réponse. Mais Sewa n’avait pas à répondre à cette question, elle était dans son droit après tout. La jeune fille se retourna vers son verre avant de le finir. Elle se mit à jouer avec les bords de sa robe. Un gros blanc finit par s’installer. Et Bo n’aimait pas les silences gênés. « Sewa, c’est votre nom de scène c’est ça ? ». Ouais. Un peu ridicule comme question puisqu’elle connaissait déjà la réponse. Elle se doutait bien que la jeune fille ne donnait pas son vrai nom.

Si seulement Bobae avait été assez forte pour dire à Mogsoli que tout ça n’était pas bien. Elle mentait, elle mettait Sewa mal à l’aise, elle n’était tout simplement pas elle-même, sous le contrôle de la voix. Elle savait pertinemment que ce qu’elle faisait n’était pas juste. Maos Bobae n’en voulait pas à la voix. Elle n’avait aucune envie de se monter contre elle. Elle ferait ce qu’elle lui dirait, quoi qu’il lui en coute. Pour vraiment comprendre l’état d’esprit de la jeune fille en ce moment : elle était mal à l’aise et pourtant, elle n’avait même pas envie de s’opposer à la voix. Elle n’avait pas envie. Elle avait une confiance aveugle en mogsoli, une confiance qui la perdrait un jour. Mais elle ne s’en rendait même pas compte. C’était son choix, elle était persuadée que c’était le bon. Et comme elle était bornée comme un âne, personne n’arrivait à la résonner. Mogsoli était la seule et l’unique, voilà tout.

Après le long silence, Mogsoli disparut de l’esprit de Bobae. C’était comme si elle était arrivée à son but. C’est ce que pensait Bo en tout cas. Un peu surprise que la strip-teaseuse donne son vrai nom, Bobae ne savait plus trop quoi faire. Mogsoli était partie, et maintenant, qu’est-ce qu’elle devait faire ? Qu’est-ce qu’elle devait dire ? La voix ne semblait plus se préoccuper de la jeune brune, alors elle décida de se présenter elle aussi. « Et moi c’est Bo Bae. ». Elle lui sourit. Allait-elle pouvoir lui dire la vérité ? La jeune fille baissa la tête tout en réfléchissant à ce qu’elle allait bien pouvoir lui dire. Mais SeonHwa fit le plus gros du travail avec sa question. C’est comme si tout s’enchainait naturellement. Les deux jeunes filles n’étaient que des pantins dans les mains de la voix. Bobae resta silencieuse quelques minutes avant de lever à nouveau la tête et de dire : « Non, en effet. ». Pas de signe de Mogsoli, elle continua. « Elle m’a demandé de vous rencontrer. Mais ne lui en voulait pas, j’ai fait le choix de l’écouter. ». A présent que le voile était levé, Bobae ne se sentait pas plus soulagée. Elle finit son verre avant d’ajouter : « Je suis désolée de vous avoir mis dans une situation aussi inconfortable. ». Peut-être qu’avec des excuses, la jeune fille se sentirait mieux.

Oh mon dieu ! C’était un soulagement. BoBae posa sa main droite sur son cœur lorsque la jeune fille la rassura en lui disant qu’il ne fallait pas s’en faire. C’est vrai que les demoiselles étaient toutes deux dans le même bateau. Une chose les différenciait cependant : pour SeonHwa, tout ça était réel. C’était son travail, sa vie, le moyen de payer ses factures. Finalement, c’était son quotidien. Et BoBae trouvait ça très triste. Devoir vendre son corps pour pouvoir vivre, elle ne pourrait pas le faire. D’ailleurs, elle ne comprenait toujours pas pourquoi SeonHwa s’obligeait à cumuler ce second emploi-là et pas un autre. M’enfin, elle n’avait pas à tout savoir après tout.

Mais qui l’u cru ? Quand la strip-teaseuse avoua qu’elle aussi écoutait Mogsoli, des petites étoiles se formèrent dans les yeux de BoBae. Elle commençait à comprendre pourquoi Mogsoli l’avait fait agir ainsi. Peut-être qu’elle voulait tout simplement que la jeune fille trouve une amie qui pourrait la comprendre sur son choix d’écouter Mogsoli, puisque la dite amie le faisait aussi. Evidemment, SeonHwa n’a sans doute pas toujours écouté la voix en étant à un stade inférieur, comme l’a fait BoBae. Mais au moins, elle ne la détestait pas aujourd’hui. Bo calma sa soudaine euphorie en écoutant attentivement SeonHwa. C’était donc pour ça qu’elle faisait du strip-tease sur internet et qu’elle acceptait ce genre de rendez-vous. Tout d’un coup, elle se sentait coupable de la juger par rapport à son travail. « Oh, je vois. » , c’est tout ce qu’elle trouva à dire. Et oui, dès que Mogsoli entrait en jeu, Bo n’avait plus rien à dire, comme si tout était excusable quand il s’agissait de la voix. Elle se demandait quand même si elle aurait été capable de faire ce que SeonHwa faisait si Mogsoli lui avait demandé la même chose. De toute façon, elle en était au stade trois, c’est pas comme si elle aurait eu le choix hein. Mais quand même, elle qui n’avait jamais résisté à la voix : « Et… Et c’est dur de lui résister ? ». Bo joua avec la pointe de ses cheveux. « Parce que moi je l’écoute depuis la première fois où je l’ai entendu, alors je ne sais pas ce que c’est, vous voyez. ». Petite précision pour sa protagoniste comprenne le pourquoi de la sa question.