Bonjour, je me présente, kwon jae ah mais mes amis m'appellent souvent jay, j'ai 23 ans et je suis actuellement étudiante en criminologie et stagiaire au tribunal. Vous voulez en savoir davantage ? Et bien... C'est un peu indiscret mais sachez que je suis célibataire et que je m'intéresse aux hommes, principalement.

► ta famille mon père m'a faite à son image. têtue, forte, refusant toute aide. il dirait de moi que je suis sa fille unique, tant aimée et parfaite à ses yeux. celle qu'en tant qu'homme important de la mafia, il protège depuis toujours, beaucoup trop. celle qu'il étouffe jusqu'à la pousser à fuir. mon père est tout ce que j'ai, toute ma famille se résume à lui. je l'aime, il m'aime. mais certainement mal, parce que ce qu'il me laisse voir de ses affaires me tue petit à petit. parce que mes obligations sont trop lourdes pour mes frêles épaules. je ne veux plus de tout ce sang et de ces os qui craquent horriblement.
► tes amis ah. des amis, vous dites. c'est là que ça bloque n'est-ce pas ? des amis - enfin, si on peut leur donner ce nom là - j'en ai eu des tonnes. plutôt bavarde et sociable, ce n'est pas difficile pour moi de m'en faire. le plus dur, c'est de les garder. que voulez-vous, quand on a une possessivité à toute épreuve mais qu'en même temps, notre naïveté nous transforme souvent en marionnette aux yeux des autres, ça finit souvent mal... alors, désolée. ils ne sont plus là pour répondre à cette question, ils m'ont laissée tomber.
► tes exs ils diraient que je suis trop indépendante, que je ne leur laisse aucune place dans ma vie, que je suis parano, en plus de ça. pour la fille facile à vivre, il faudra repasser... et ce qu'ils disent est certainement vrai, d'ailleurs... mais j'ai quand-même eu quelques histoires heureuses, alors ceux-là vous diront que je suis une fille bien. pour le reste... il faut dire que l'amour, ce n'est clairement pas pour moi. je veux dire... c'est un peu trop niais, un peu trop fleur bleue, alors j'ai du mal.
► ton/ta petit(e) ami(e) attendez, de qui vous parlez là... ? cette case est vide. enfin... c'est compliqué. mais j'obtiens toujours ce que je veux, et jin sun ne sera pas une exception, il suffit juste d'attendre un peu. ♥
► des inconnus probablement que je suis sûre de moi, du genre "femme forte et qui ne doit rien à personne". c'est l'image que je renvois, je suppose. forcément, impossible de voir toute ma putain de faiblesse... et heureusement, remarquez. je déteste avoir l'air d'une âme en peine, je préfère de loin ressembler à un glaçon s'il le faut.

► si tu es non atteint j'ai toujours été compréhensive, il me semble. peut-être même trop. alors face à mogsoli, j'ai toujours essayé de pardonner a ceux ayant déjà atteint le stade III, pensant que ce n'était pas de leur faute, qu'après tout, ils étaient réduits à de simples marionnettes. et puis, il y a eu mon boulot. vous savez, en bossant dans un tribunal, vous apprenez souvent des choses assez moches. certes, je ne suis pas flic, mais quand-même. et cette putain d'excuse, "ce n'est pas moi, c'est mogsoli", je l'ai bien trop entendue, à tel point qu’aujourd’hui, une phrase comportant les deux mots "mogsoli" et "excuse" m'arrache les oreilles. en parallèle, on m'a dit que j'étais bien trop naïve et que toutes ces conneries, il fallait que j'arrête d'y croire, alors mon regard indulgent à commencé à changer. je ne suis pas atteinte, je ne sais pas ce que ça fait, d'avoir une autre chose à l'intérieur de vous qui vous dicte quoi faire, alors à la demande d'autres personnes, j'ai pensé qu'ils mentaient. tous. un énorme mensonge commun, une idiotie sans nom, une excuse aux pires crimes, le seul moyen que la société a trouvé pour justifier ses mauvais agissements, tout simplement. mais bien trop de choses me donnaient envie d'y réfléchir encore et encore.
pour commencer, mon envie d'être juste. que dis-je, mon obsession de la justice. chez moi, c'est devenu carrément maladif. il faut que je sois sûre, je ne peux pas agir à la légère. et puis il y a aussi cette fascination que j'ai pour la voix. cette envie d'être atteinte, de savoir ce que cela fait, de ressentir ce que ces gens ressentent. pourquoi suis-je encore mise à l'écart ? ma vie est si vide. fille unique, père mafieux, je vois des horreurs depuis mon enfance mais je suis bien trop protégée pour pouvoir en parler à qui que ce soit. il me reste mes pensées, mais mes actes sont déjà bien entravés par mon père. mogsoli ? la clé de la liberté, au final. même si pour beaucoup elle semble un arrêt de mort... elle serait mon mensonge, bien plus qu'une idiotie, mon moyen de justifier mes actes qui se veulent moins dociles qu'avant. j'ai besoin de cette voix. et elle ne vient pas. alors je pose des questions à ceux qui la possède - ou qu'elle possède - et j'espère, j'attends, j’espère de nouveau, attends encore.

- amoureuse des sports extrêmes, de tout ce qui est extrême d'ailleurs, sans exception. en particulier de la moto, c'est facilement accessible, surtout que je ne manque pas de fric. bon, j'ai plusieurs fois failli m’encastrer dans un mur, mais je trouve ça plutôt drôle et ça me donne toujours envie de recommencer encore plus vite.
- pour le reste, c'est plutôt difficile à dire. je suis instable, si incertaine que je change souvent d'envies, de goûts, de fréquentations. bien sûr, il y a certains piliers de ma vie, dirons nous, qui restent toujours tels quels... mais il sont rares. alors pour tout ça aussi, il faudra repasser un autre jour, un jour où j'aurais une vie plus sûre qu'aujourd'hui.

« Alors, des nouvelles du paternel ? » Cette voix, je la reconnaitrai entre mille. Rien que le fait de l'entendre mais donne des frissons glacés jusque dans le dos. Elle sort d'une bouche sale, qui n'a su dire que des mensonges, proférer des promesses que la personne en question n'a jamais tenues. Oh non, pas une seule bonne parole. Je me mets à trembler, à convulser, pensant des choses irréelles et sans fondement telles que « je veux sortir d'ici, laissez-moi partir ! ». Sortir d'où ? Je suis prise au piège, parce que l'endroit que je veux fuir se trouve être mon propre esprit, chargé de mes souvenirs qui remontent à la surface en me mettant un couteau sous la gorge. Je vais mourir, je le sais, ça. Oh, ça ne va pas être bien difficile. Je vais me tuer toute seule. Et vraiment lentement. Mais sûrement, ça oui, très surement. Parce que cette voix, qui me harcèle juste dans mes rêves, se trouve être la voix de mon père, mon propre père. Je ne m'en sortirai jamais. Tout ce qu'elle fait ressortir... tous les gestes sales qu'il a pu faire, tout ça, je ne l'ai jamais oublié. C'est à cause de ça que je coule. Que quelqu'un m'aide, s'il vous plait. Juste pour oublier ce moment, ces putains de minutes qui ont foutu toute ma vie en l'air.

Je me retourne en retenant mon souffle. Il est là, juste derrière moi, je le sens, je le sais. Pourtant, il devrait être mort. J'étais à son enterrement, j'ai même fait semblant de pleurer, histoire de faire bonne figure devant tout le monde. Les enfants Bang sont de bons comédiens, la preuve vivante est leur présence chez les glee. Seul Jagger n'a pas eu à se forcer, en tant que chef de famille, il a juste pris un air torturé. L'air qu'il a toujours gardé au visage, d'ailleurs. « Oui. Il va bien. » Je ne sais pas pourquoi je dis ça. Peut-être parce que je suis en train de devenir folle, et que mes mots n'ont donc plus aucun sens. C'est alors que ses mains se posent sur mes épaules, m’attirent vers lui. Trop près, bien trop près. Je me retourne, le frappe, il fait de même et au final, je comprends qu'il va encore gagner. Comme toujours. Il va avoir ce qu'il veut et tout doucement, ma vie va se déchirer en lambeaux, partir en miettes et alors il ne me restera plus qu'à... « HAYLEIIIIGH !! » Je hurle en lançant des coups de pied au hasard dans ma couette jusqu'à me retrouver ratatinée dans l'angle du mur. Je me fais aussi petite que je peux et commence à pleurer, en silence. Pitié, Dieu, faites quelque chose pour me débarrasser de ces cauchemars incessants. Parce dans le même style que celui-là, qui m'oblige à revivre exactement tout ce que je veux fuir, il y en a bien d'autres. « Je suis là, je suis là. Tout va bien Maxxie, je t'assure. » Mais je n'arrive pas à arrêter mes larmes, je ne parviens pas à reprendre une respiration normale. Cette nuit, plus encore que toutes les autres nuits, je sombre. Et j'ai la sensation que rien ni personne ne pourra me sauver. « Il n'est pas mort. J'en suis sûre, Hayleigh, qu'est-ce qu'on va bien pouvoir faire ? » Elle me prend dans ses bras, me berce, me chantonne des mots apaisants. Et me dit ce que je souhaite entendre. « Mais si, tu le sais bien. » Et je la crois, aveuglément, parce que je sais qu'elle l'a vu, elle. Elle l'a vu, allongé dans son lit, les draps plein de sang. Et moi, je suis venue la chercher, j'ai pris sa main pour qu'elle sorte de la pièce, j'ai caché ses yeux même s'il était trop tard, mais j'ai tourné la tête, je me suis épargnée cette vue insoutenable.

Je jette un coup d’œil à ma montre, fidèlement accrochée à ma cheville droite, de jour comme de nuit. Il est à peu près une heure du matin, j'ai dormis à peine une demie heure, mais ça a déjà été suffisant pour me faire revivre l'Enfer. Inutile de dire que pour rien au monde je ne me rendormirai de la nuit. Alors je me lève, chancelante, les yeux dans le vague. Je m'habille avec ce qui me tombe sous la main, quelque chose qui ne couvre pas vraiment, histoire d'être en accord avec l'endroit où je vais, enfile une veste et met des talons si haut que marcher avec relève de la prouesse. Ma sœur ne dit rien tandis que j'ouvre la porte et dégringole les escaliers en vitesse. Sortir de l'université à une heure si tardive ne me pose plus de problème, je commence à avoir l'habitude. Et puis ils doivent penser que peu d'élèves sont assez barges pour se faire la malle en pleine nuit, parce que sincèrement, les obstacles à franchir sont minimes, et je suis dehors en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Le froid me mord les jambes mais je n'y fais pas attention, courant jusqu'à rejoindre une rue bien plus plus fréquentée où je peux me faufiler dans un taxi. J'ai besoin de pilules, de poudre, d'aiguille, tout ce que vous voulez, tant je peux avoir la sensation d'aller bien, ne serait-ce que quelques secondes.

Et j'arrive enfin. Le plus grand strip club de la région. Oui, vous avez bien lu, strip club, et non pas night club. Ce que je fous là ? Réponse simple. La came qu'on y trouve est beaucoup plus pure, et mettre un prix exorbitant ne me dérange absolument pas. Je suis blindée de fric jusqu'à la moelle, autant en faire quelque chose et ne se réserver que le meilleur, vous comprenez. Les lumières me brulent les yeux, mon cœur bat en même temps que les basses de la musique... et c'est un vrai plaisir pour moi. Je ferme les yeux, savoure cet instant comme si j'étais au Paradis. Je vais pouvoir me détruire en paix, là où la musique est trop forte pour que l'on puisse entendre mes cris, en un mot, je suis dans mon élément.
Et clairement en manque, aussi. Depuis combien de temps est-ce que je ne me suis pas défoncée ? Une éternité. Oh oui, au moins, peut-être même plus. « Tu n'as pas l'air bien. » Je me retourne et tombe nez à nez avec un homme qui doit bien faire deux têtes de plus que moi. En guise de réponse, je me bouche un narine et inspire un grand coup d'un air provocateur. Il comprend immédiatement là où je veux en venir et avec un sourire qui me fait froid de le dos, m'indique d'un signe de tête un endroit qui se trouve derrière moi. Je me retourne encore une fois et sans même réfléchir, je commence à marcher jusque là-bas d'un pas assuré.

« Là-bas », c'est à dire la zone VIP. Les habitués de cet endroit pourtant bien sombre, ceux qui vivent dans ce côté-là du monde. Là où j'ai toujours été durant ma vie à Las Vegas. Mais depuis que je suis arrivée en Corée, je dois avouer que je me suis sacrément relâchée, il faudrait d'ailleurs vraiment que je pense à me remettre dans ce que nous appelons le droit chemin, dans ma petite fratrie. Mais j'ai malgré tout une petite réputation qui recommence à se faire, pas très bonne d'ailleurs. Dans un premier temps, je suis « celle qui chauffe tout le monde mais qui ne couche avec personne ». Personnellement, je trouve ça vraiment positif. Dans un deuxième temps, je suis « celle qui peut se défoncer tout au long de la nuit ». Et ça aussi, même si ce n'est pas du goût de tout le monde, je trouve que c'est vraiment positif. Mieux que tout. Je tiens étonnamment bien, qu'importe ce que j'avale. Parce que vous voyez, tenir face à des substances, ce n'est pas le plus dur. Non, le pire, c'est de tenir face aux souvenirs. Personne ne connait mon nom, mais les gens commencent à savoir que cette fille aux cheveux si blonds qu'ils sont presque blancs, les yeux chargés de noir et un accent américain à toute épreuve ne flanche jamais. Je suis une valeur sûre de la fête, celle qui ne refuse jamais une invitation, mais qui se conduit de façon bien trop désespérée pour réellement aimer ça.

C'est en levant les yeux que j’aperçois la première chose qui me trouble. Le paquet de cigarettes bleu posé sur la table basse, mild seven, light. Mon cœur rate un battement. Mais après tout... des tonnes de gens fument ces cigarettes-là, non ? Pourtant, je ne peux pas m'empêcher d'y penser. A lui, le seul homme que j'ai réussis à aimer, au-delà de la drogue et de la détresse. Bon, on ne va pas se mentir, tous les deux, nous n'étions jamais vraiment clean. Mais pourtant, se piquer dans ses bras à lui avait quelque chose de différent, de rassurant. Et mettre une pilule sur ma langue pour la faire passer dans sa bouche en l'embrassant était plus euphorisant que tout ce que j'avais pu connaître jusque là. Pardessus tout ça, j'étais amoureuse, il était amoureux. Absolument dingues l'un de l'autre, sans être capable de se lâcher, même lorsque la foule de ces fêtes interminables cherchait à nous séparer. Blottie contre son corps pourtant plein de cicatrises, j'étais mieux que jamais je ne l'avais été avant. Nous avions notre propre façon de nous aimer, bien plus folle et bien plus dangereuse que les autres. C'est ça, que je tente de retrouver. Pas seulement les sensations qu'il me procurait, mais lui, lui tout entier, son regard, ses paroles, sa peau. Jin Sun.

Il est là, devant moi. Je suis restée bloquée sur le paquet de mild seven avant de laisser mes yeux remonter lentement, jusqu'à tomber sur lui. Je le savais. Quelque chose me le soufflait, depuis le début de cette nuit, quelque chose en moi déraillait. C'est tout juste si je remarque les autres filles qui sont avec lui, à lui faire les yeux doux, à lui parler d'une voix mielleuse. Mais elles ne le connaissent pas, pas comme je le connais moi. Elles ne savent pas à quel point Jin Sun est exceptionnel, ni à quel point il peut être rancunier. Les deux choses vont de pair, car si tout au fond de moi, je l'aime toujours autant, je sais qu'il m'en veut à mort. Et n'y voyez pas là une expression à prendre au sens figuré. Je le lis dans ses yeux, et dans les souvenirs que j'ai de lui. Il croit que je l'ai abandonné, il y a deux ans, comme toutes les autres personnes l'ont fait tout au long de sa vie.
Mais jamais, jamais je ne serais en mesure de faire une telle chose.

Sous le choc, je fais demi-tour, commence à partir. Le revoir maintenant, dans ces conditions-là, est quelque chose de bien trop dur à encaisser pour moi. Je suis trop fragile, trop perdue, c'est tout juste si j'arrive à penser de façon ordonnée. Mais il me rattrape et la seconde d'après, mon dos heurte le mur, me coupant la respiration d'un seul coup. « Jin Sun, je ne sais pas ce que tu penses, mais laisse moi tout t'expliquer. » Je ne suis pas partie comme une voleuse, ne crois pas ça, c'est faux. Je n'ai pas eu le choix, tu sais... j'ai envie de le lui dire, mais les mots ont du mal à franchir la barrière de mes lèvres.