Je lui retirais donc les menottes et allais me remettre en marche vers le Crimson quand elle attrapa ma main blessée. Je grimaçais sous la douleur avant de poser un regard dubitatif sur elle. Qu’est-ce qu’elle faisait maintenant ? Voilà qu’elle souhaitait jouer à l’infirmière ? Je n’avais pas pour habitude qu’on s’occupe de moi, et aussi profonde que pouvait être à la plaie, c’était vrai que j’avais vu bien pire et que ce n’était pas ça qui allait m’arrêter. « J’ai un boulot qui m’attend moi, et j’suis déjà sacrément à la bourre. C’est rien » répondis-je en dégageant ma main de son emprise et évitant de rajouter que c’était à la base pour elle que je risquais de perdre mon boulot. J’éludais ses dernières paroles tout en regardant autour de nous. Il était tard et un certain nombre de personnes alcoolisées traînaient dans les parages. Je regardais ma montre tachetée de sang et tiquais. Je n’avais pas le temps de repartir en promenade vu à quel point j’avais dépassé mon temps de pause déjà. Sans un mot, j’attrapais de ma main valide la sienne et l’entraînais à l’intérieur du Crimson sans lui demander son avis.

A peine eut-on mis un pied à l’intérieur qu’un de mes collègues me tomba dessus furibond
« P’tain Psy’ tu foutais quoi ??! La patronne est furax ! »
« Et merde » maugréais-je entre mes dents « Deux secondes j’arrive » je continuais mon chemin sans lâcher Hee Ra sous le regard ahuri de mon collègue qui se demandait ce qui se passait. J’entrais dans les vestiaires du personnel, lâchais la main d’Hee Ra et me dirigeai tout droit vers la petite pharmacie d’où j’extirpais une bouteille de désinfectant que je me versais entièrement sur la main en grimaçant. Je me confectionnais ensuite un bandage sommaire avant de reprendre sa main direction le comptoir cette fois-ci.

« Pose toi là et tiens-toi tranquille si tu veux rentrer entière chez toi. » Lui dis-je en lui montrant une chaise derrière le bar. Oui j’étais toujours aussi délicat dans mes propos. A peine ai-je eu le temps de me remettre derrière mon plan de travail que j’étais déjà assailli de demandes.