oh undress me, baby.

Ce que c'était étrange... Nam Ji s'apprêtait à rencontrer un type qu'il avait vu danser dans un club une seule fois, en pleine nuit, et ce uniquement pour lui trouver des fringues. Il n'était pas spécialiste en relooking. Il faisait tout juste attention à la mode mais il mettait surtout ce qu'il aimait sans chercher à comprendre, tant que le haut allait avec le bas et les chaussures avec la ceinture. La classe, c'est inné. Seth pourrait s'habiller d'un sac poubelle qu'il aurait encore l'air désirable. "Tu es un peu trop sûr de toi, mon petit." Je sais, Mogsoli, je sais. Il lâcha un soupir avant de garer sa Porsche à la place la plus proche de Versace. Bon, y avait une petite trotte, déjà. Ça lui laisserait le temps de se rappeler à quel point ce gosse était bien foutu et de s'imaginer ce qui lui irait le mieux. Dans le fond, il ne se rappelait pas de son style quand il l'avait vu à l'école. Il n'y aurait peut-être pas grand chose à changer ? Mon dieu, si seulement. Non pas que ça le soûlait de payer des fringues hors de prix à un quasi inconnu mais un peu. Et en plus, il avait autre chose à foutre. "J'espère que tu vas me divertir." La divertir ? Elle était folle, cette Mogsoli. Mieux valait ne rien faire d'idiot, sinon ça lui retomberait dessus. Et personne ne tombait sur Son Nam Ji.

Un t-shirt, un slim ? Mh. Y avait du boulot, visiblement. Heureusement que cet In Ho était beau, de base. « Salut. » Seth s'avança les mains dans les poches. "Souris un peu, on dirait que tu t'ennuies déjà." A vos ordres. Le blondinet laissa donc un fin sourire étirer ses lèvres. « Bon, finalement, on va à Versace ou tu préfères John Galliano ? » Inutile de perdre du temps en blahblah.

Il s’était levé en entendant sa sonnerie de portable un peu plus tôt pour voir un message lui réclamant d’être mannequin pour un photoshoot amateur. mannequin ? ça l’avait doucement fait sourire en premier lieu, il n’avait jamais été mannequin au sens propre du terme, il n’avait en fait même pas songé à ce genre de carrière. Il se savait séduisant, mais pas assez pour apparaître dans des magazines de mode, surtout qu’il ne correspondait pas vraiment aux critères de beauté coréens habituels. Le vrai problème c’était tout de même qu’il n’y connaissait absolument rien en mode, son placard était rempli de t-shirts tous plus simples les uns que les autres, de quelques pulls, peut-être une veste, et une ribambelle de jeans, tous de couleurs différentes, mais tous incroyablement simpliste également. Il ne portait pas d’accessoires non plus. Il enfila donc des vêtements un peu au hasard, se coiffa sommairement et essaya de paraître le plus réveillé possible avant de juger qu’il était prêt à sortir rencontrer le type en question. Il était censé le relooker, non ? Alors c’était inutile qu’il tente lui-même de faire des efforts.

Il marcha donc jusqu’à la station de métro la plus proche et s’engouffra dans la rame, direction gangnam, autant dire pas la porte à côté. C’est une demi-heure plus tard qu’il se retrouva dans la rue du quartier riche – une rue luxueuse, dénotant assez avec la rue toute simpliste et désert où il habitait. Il regarda autour de lui un bon moment avant de remarquer l’enseigne qu’il cherchait une centaine de mètres plus loin ; versace. La classe. Il n’avait jamais porté du versace, c’était presque excitant pour un type sorti d’un milieu pauvre comme lui. Il s’approcha alors jusqu’à être devant, avant d’entendre une voix et de se tourner vers celle-ci, remarquant un type qui devait être.. nam ju ? nam ja ? nam ji ? un truc du genre, il avait oublié. Un type de son école. Il se souvenait même pas des noms des types de sa section, alors les autres. Il afficha un sourire tout de même. « heu.. salut. N’importe ? je suis pas vraiment familier avec ça, ça m’est égal. » et il haussa les épaules. C’est ta façon de lui dire de se débrouiller ? T'apprends vite, mog. Tss, quel fainéant tu peux faire.

Hé ben... A peine avaient-ils commencé qu'In Ho n'émettait déjà aucun avis. Tout ça s'annonçait assez drôle. Bon hé bien... Un léger silence s'installa. C'était terriblement gênant. Nam Ji s'éclaircit la voix avant de désigner la vitrine derrière eux. « Versace, alors. On verra le reste ensuite. » Rapidement et sans attendre, il entra dans le magasin et scruta la pièce. Pourquoi est-ce que ça sentait la collection foireuse qui ne lui plairait pas ? Il s'avança en soufflant vers les mannequins qui permettaient de voir la coupe des vêtements. Mon dieu. Nam Ji lança un regard blasé à In Ho puis le tira par la main pour que celui-ci se rapproche. « Tsk. On va quand même tenter. » Il interpella un conseiller et lui ordonna vivement d'aller lui chercher une veste taillée version gris anthracite parmi les plus chères qu'ils avaient. Il n'allait pas se faire chier à regarder toutes les fringues une par une. Il y avait le personnel pour ça. Le conseiller - on ne pouvait pas dire vendeur dans ce genre de magasin, voyons - lui sourit en gardant pour lui les insultes qu'il aimerait proférer à ce con de Seth et les laissa patienter. S'il avait un problème il fallait le dire. Le client est roi, et pour toute la thune qu'il avait dépensé chez eux, il pouvait bien se permettre d'être un tant soit peu exigeant. Nam Ji reporta son attention sur le jeune homme qui l'accompagnait et tourna les yeux un peu partout. "Tu vas passer pour un sale connard snob, ça me fait rire." Voilà, merci Mogsoli. Il s'en foutait de comment les gens s'habillaient, mais là, il avait juste l'air d'un petit con critique qui se croyait Meilleur Styliste 2012. Alors que non, pas du tout. « Hmf. J'ai un peu mieux parlé de tout ça à mon pote et il a dit que tu pourrais garder les fringues en échange. Sauf que je me demande si ça va t'intéresser. » Il haussa un sourcil. En effet, vu son style habituel, ça risquait de coincer. Fallait-il croiser les doigts ?

Il hocha simplement la tête, rentrant les mains dans les poches de son jean en suivant le jeune homme à l’intérieur du magasin luxueux. Il haussa les sourcils une fois à l’intérieur. Mon dieu innie, on dirait que tu débarques de la campagne ici ! en effet, c’était presque embarrassant. Au moins maintenant, il savait qu’il avait de gros efforts à faire s’il voulait devenir mannequin, et ainsi, l’idée s’en alla aussi vite qu’elle était venue. Ça le fatiguait déjà, de toute façon. Il se contenta de laisser parler nam ji avec le « conseiller », celui-ci le toisant un peu en comprenant qu’il était le principal concerné. Il était pas habillé en salopette non plus, bon dieu ! Il était habillé simplement, comme un étudiant normal. Il ne savait même pas ce qu’anthracite voulait dire – il ne posa aucune question cela dit. Il avait l’impression d’être un cas désespéré quand il voyait comment l’autre le regardait parfois, sans parler du vendeur – lui, il désapprouvait totalement le port du slim, ça se voyait. Ça lui faisait des belles jambes pourtant.. non ? mais si voyons, tu es très beau comme ça. Heureusement qu’il y en avait une qui était satisfaite. « garder les fringues ? » Il réfléchit un instant. Les fringues de ce magasin valaient de l’or, et c’était sûrement encore pire dans les autres. Quant au type en face de lui, il ne semblait manquer de rien, et inho n’avait, par conséquent, aucuns scrupules à lui extorquer un peu d’argent. Il pourrait toujours les revendre. Il n’avait qu’à choisir les plus cher, comme « par hasard ». « ça me va, il peut me payer avec, ça peut toujours servir. » et il força un sourire.

Quand la veste dont la couleur lui évoquait le nom d’un pokémon arriva, il pris une mine un peu perplexe. Anthracite – gris quoi. Pourquoi ils ne disaient pas juste gris ? En peinture il ne s’était jamais fait chier avec le nom des couleurs, ça ne le rendait pas moins bon pour autant – décidément, la mode, ce n’était pas son domaine. Mais la veste, qu’il trouvait pourtant hideuse, rendait assez bien une fois enfilée, il remarqua, dans le grand miroir à sa disposition. « je suis presque classe, dis donc. » il laissa échapper un rire. Il n’était pas habitué à avoir ce genre de classe.

De bas en haut, de haut en bas, des pieds à la tête. C'était dingue ce qu'une veste changeait tout. Malheureusement, plus Nam Ji fixait le reflet du plus jeune dans le miroir, plus il trouvait ça horrible. Pour changer, il lâcha un soupir, puis se tourna vers le conseiller qui regardait en souriant. Autant dire que son sourire mielleux, il allait se le manger. « Vous êtes sérieux ? Vous ne l'avez pas regardé avant de me proposer ça ? » Soit ce type n'avait aucun goût, soit il faisait exprès. Dans les deux cas, c'était à un Seth outré qu'il faisait face. Ce dernier attrapa les pans de la veste et la retira des épaules d'In Ho sans lui demander son avis tout en s'adressant à cet incompétent de conseiller. On est chez Versace ou chez Monoprix ? Ça ne convenait pas du tout à la morphologie d'In Ho et n'importe qui dans ce métier l'aurait su. Fffuh. Il le somma immédiatement de ramener des vestes correspondantes sans se préoccuper de la couleur, cette fois. Ce qu'il fit, bien sûr, l'expression plus grave. Mais je t'emmerde, mon petit, si t'es pas content de faire ton job. "Fais-le tourner en bourrique, celui-là." Même sans Mogsoli, il l'aurait fait, mais là, il avait une excuse.

Le conseiller lui apporta une dizaine de vestes cinq minutes plus tard, les exposant distinctement devant les deux jeunes hommes. Nam Ji tira une grimace et leva son index pour désigner les quatre premières. « Moche, moche, moche et moche. Mais tu vas essayer celle-là. » Il prit la plus jolie et la tendit à In Ho. « Y a moyen. Elle devrait t'aller. » Comme déjà dit, Seth n'était pas un spécialiste mais cette veste qui avait beau s'éloigner au possible du gris anthracite, était élégante et semblait convenir au beau brun. Avec un peu de chance, il n'y aurait pas besoin de retouche.

Il fronça les sourcils. Mais cette veste lui paraissait très bien à lui, elle lui donnait un air sérieux, et peut-être un peu morose même, mais c’était l’idéal pour un photoshoot un peu sombre. Peut-être que ce n’était pas l’effet recherché par l’ami en question. Il observa alors namji renvoyer – assez sèchement – le pauvre vendeur dans les rayons à la recherche de quelque chose de mieux coupé pour lui. Lui, il n’était pas difficile avec la coupe des vêtements ; tout ce qui était susceptible de laisser penser qu’il était bien fait, ça lui allait. Et aucun des vêtements de cette boutique n’était coupé de façon à le faire paraître malformé, alors, il ne comprenait rien, encore une fois, aux critères du jeune homme. Un truc de riche, surement. Ne juge pas trop vite, voyons. Il souffla.

Il regarda s’étaler les vestes devant lui lorsque le conseiller revint, se demandant quelle était la différence entre certaines, même, tant elles étaient similaires dans les formes ou les couleurs. Une se détachait, il est vrai, par une teinte plus claire, et c’est celle que l’autre garçon choisit. « mh.. d’accord. » Il l’attrapa, appréciant d’abord la texture satinée qu’elle avait avec ses mains, puis la passa avant de l’ajuster, réalisant qu’elle était parfaitement à sa taille, effectivement. En s’observant dans la glace, il afficha un petit sourire. Il ressemblait à un espèce d’homme d’affaire très distingué, ou à un de ces mannequins haute gamme. Il n’était pas habitué, mais l’impression était agréable, il se sentait puissant, pour une fois. « je l’aime bien, elle.. je sais pas si elle est dans l’esprit du projet de ton ami mais elle rend bien. » il pinça les lèvres, espérant ne pas avoir dit de bêtises cette fois, puisqu’il n’y connaissait rien. « faudrait penser aussi à des trucs plus utiles qu’une veste, non ? jsais pas.. tout ce que je vais mettre en dessous. Par exemple. » C’est vrai, non ? Il n’allait pas garder son t-shirt tout blanc, simple au possible, ni son jean. Et encore moins ses baskets, ça, il en était assez certain.. à moins que l’effet recherché soit désordonné. Mais il doutait fortement.

« Je l’aime bien, elle... » Que dire ? La veste lui allait bien, elle n'était pas trop mal, mais ce n'était pas ce qu'il voulait. Cela dit, tout comme lui, In Ho semblait pressé d'en finir. D'un regard presque meurtrier, Nam Ji annonça donc au conseiller qu'il paierait la modique somme de 689 940 wons. Mon dieu. Ce connard de pote avait plutôt intérêt à le rembourser, sans quoi il arracherait les fringues de son petit crush. Il sourit d'ailleurs à In Ho, gentiment, et attendit patiemment, non moins gêné, que le vendeur lui ramène la machine à carte bleue. Quand on est riche, on ne se déplace pas à la caisse. La caisse vient à vous, suivie de près par votre dû. « De toute façon, tu vas tout faire. Chemise, pantalon, chaussures, ceinture, lunettes et chapeau. » Un soupir mourut dans l'air : il était fatigué d'avance. Ça allait être la plus longue journée de sa vie. « Disons qu'on peut maintenant rayer la veste. » Il se sentait tellement... riche et incompris. Évidemment, aucun doute, In Ho ne l'apprécierait pas ; mais techniquement, ça ne changerait rien à la vie de Seth. Bref... Tant pis.

Nam Ji fit donc trinquer son compte en banque - pas tant - et réceptionna la veste pour sortir du magasin. Whou. Rien n'avait été plus délectable en cette journée que le retour à l'air libre. Venir à Versace était toujours un plaisir, mais là, pardon, c'était une corvée. « Tu veux pas poser nu ? Ça serait plus fac--- » Aaaaargh. Que. Quoi. Non. Attendez. La fin de sa phrase pouvait partir aux oubliettes, un sournois et rapide nécessiteux venant de lui rafler le paquet des mains. Alors ça, c'était du grand art. Nam Ji se fit emporter sur trois pas bien comptés avant de finalement lâcher en renonçant à son dur achat. Un lourd silence régnait soudain en maître sur le cerveau du blondinet. What the fuck ? « Oh putain ! Non ! Mais cours, toi ! Rattrape-le. C'est ta putain de veste ! » Non, il n'allait pas courir, non. Tout en poussant In Ho pour que celui-ci ne se décide à rattraper cet enculé de voleur, il écoutait Mogsoli qui lui rappelait toute guillerette que la journée ne faisait que commencer. Merci, Mogsoli.

« ha.. tant que ça. » génial, il était pris pour toute la journée avec un type qu’il ne connaissait même pas, tout ça pour lui constituer une garde-robe de luxe. Il n’allait pas se plaindre, les fringues lui appartenaient, après coup, de toute façon. Mais tout de même, il détestait courir les magasins, ça le gonflait, il devait déjà bien trop souvent le faire pour jin ah - la seule différence étant qu’ici, il était dans la peau de jin ah, et nam ji lui servait de porteur. Oui, parce que c’était hors de question qu’il porte, il était le mannequin, pas l’assistant. Il avait des valeurs à ce niveau-là aussi, c’était une question de politesse. « mh.. et ben, maintenant qu’on y est. » il souffla, suivant le garçon hors du magasin. A la guerre comme à la guerre, comme on dit.

Alors que l’autre commençait à lui parler de nu ou il ne savait quoi à ce sujet, le sac lui échappa soudainement des mains, et inho regarda le voleur s’éloigner avec un air détaché. Quoi ? C’est l’autre qui payait, en quoi c’était son problème. Il allait lui dire qu’ils feraient mieux d’aller en racheter une – il était riche ou pas, bon ? – que l’autre en décida autrement, le poussant, d’un air paniqué. « mais, c’est de ta faute s’il nous l’a pris ! » qu’est-ce que les snobinards pouvaient être bornés. Il était plein de thunes, pour lui, acheter cette veste, c’était comme acheter des bonbons pour inho ! Et de toute façon, lorsqu’il se décida enfin à se mettre en chasse pour contenter l’autre garçon, il réalisa que le voleur s’était volatilisé. « ha, tu vois. C’est trop tard. » il croisa les bras, lui adressant un petit haussement de sourcils disant « tu vois, j’ai bien fais ». Il ne l’aurait pas rattrapé de toute façon, ces petites crapules étaient entraînées. Il attrapa namji par le bras, le tirant à nouveau dans la boutique. « allez, ça prendra pas longtemps, t’auras qu’à dire à ton pote que tu m’en a payé deux et il te remboursera tout. » et ben oui, les pauvres étaient plus rusés, nécessaire pour survivre, voyez-vous.

Il fallait voir la tête de Nam Ji pour le croire. Un tel niveau de désabusement ne serait sûrement pas permis. Ce n'était pas parce qu'il était riche que dire adieu à un achat de 689 940 putains de wons lui semblait ridiculement simple. Non pas qu'il était proche de ses sous, mais soyons réalistes deux secondes : ça ferait chier n'importe qui en ce monde. Son bien s'était envolé entre les mains d'un enculé de voleur et il avait déjà les nerfs. D'extérieur, c'était passif, d'intérieur, c'était la guerre. Il se laissa pourtant traîner sans plus d'histoire dans le magasin. « Je doute qu'il y mette autant de thune. Surtout pour un truc dont il verra même pas la couleur. » Seth lâcha un énième soupir avant de retourner voir le conseiller qui arborait alors une tête outrée. Quoi, problème ? Il réitéra toutes les actions qu'il avait déjà faites, découragé, puis sortit en protégeant le paquet comme Golum protège son anneau.

« Bon, maintenant, on va pouvoir faire le plus important, la ch---. » Après quelques pas, son regard perdit soudainement de sa colère. Ses yeux se mirent à briller, à reconstituer une constellation à eux tout seuls. C'était... La paradis juste en face, de quoi lui faire oublier cette veste volée qui le soûlait comme pas possible. Nam Ji attrapa la main d'In Ho, sans faire attention, et l'embarqua dans ce salon de thé de renom. Non, un salon de thé, ce n'était pas seulement pour les femmes au foyer qui s'ennuyaient ou pour les vieilles peaux en mal de ragots. C'était surtout des gâteaux exceptionnels. Seth était peut-être trop gourmand... « Ça te dérange si on mange un truc, avant ? Je crève la dalle. » Peu importe, au fond, puisqu'il s'installait déjà à une table et regardait la carte avec intérêt. Bon, c'était certes étrange d'être ici avec In Ho mais il était sûr qu'il n'était pas si chiant. « En fait, je sais pas toi, mais j'ai... pas le courage de faire tout ça. Fiou. Pourquoi moi, bordel. » Il laissa tout de même un sourire égayer son visage. Restait que c'était chiant, tous ces magasins.

« t’as qu’à m’en prêter une et faire comme si tu me l’avais achetée. » il haussa les épaules ; quel manque d’esprit pratique. Il se demandait si tous les riches étaient comme ça, mais sûrement que oui – pourquoi est-ce qu’ils seraient futés puisqu’ils n’en ont pas besoin ? bête question. Il offrit un petit sourire au « conseiller » en recommençant le même manège. Ce pauvre vendeur devait le prendre pour un gigolo – ça commençait à lui arriver bien souvent, même quand ça n’était pas le cas. On lui payait définitivement trop de choses ; peu importe, il aurait été bête de refuser cette opportunité, il n’avait donc aucun regret, et le vendeur pouvait bien penser ce qu’il voulait, il ne le connaissait pas.

Une fois dehors, il reprit une bouffée d’air. C’est fou ce que c’était pesant à l’intérieur de la boutique, pesant de parfum surtout. Il en mettait aussi, mais pas à outrance comme les employés de versace. Il détourna la tête lorsque namji lui adressa la parole, pour froncer les sourcils lorsque celui-ci sembla littéralement scotché sur place. Quoi, il avait vu un mort ? En suivant son regard – qui lui semblait plus brillant, d’un coup – il repéra le salon de thé. Un salon de thé ? Il faisait du shopping avec sa grand-mère ou quoi ? Et il n’eut même pas le temps de protester qu’il était déjà dedans. Il quittait un endroit qui sentait à plein nez le chanel pour un qui sentait à plein nez la maison de retraite et le sucre trop cuit, génial. « heu.. je. suppose que j’ai pas mon mot à dire. » Il se laissa traîner et s’assit à une chaise, regardant autour de lui et les pâtisseries, et les client(e)s installés. Trop chic pour lui, comme endroit. « mh.. ouais, mais je sais pas m’habiller y semble, alors t’es obligé. » Il n’était pas dupe, il savait que son style ne faisait pas grande impression. Ce n’est pas qu’il n’avait pas de gout, c’est qu’il n’avait ni les moyens, ni aucun intérêt pour la mode. Il se laissa tomber contre son dossier, poussant un soupir en attendant qu’un serveur vienne les prendre en charge. « tu comptes payer pour moi ici aussi, ou ? .. non, parce que, je doute d’avoir les moyens. » Il était honnête, ça, on ne pouvait pas le lui reprocher.

« Mh... Ouais, mais je sais pas m’habiller y semble, alors t’es obligé. » ... Disons que c'était un style un peu trop classique pour un shooting. De toute façon, In Ho savait bien mettre ses fringues en valeur, si vous voulez tout savoir, alors c'était bel et bien pour l'art qu'ils se tapaient tous les deux cette horrible journée. « Ce couillon devrait essayer de "capter ta beauté naturelle", plutôt. Mais c'est qu'un débile. » Être le pote de Nam Ji avait des conséquences, notamment les insultes sincères qu'il disait sans aucune honte. Ben quoi ? Il n'allait pas non plus les gracier juste parce qu'ils étaient des "amis". Il inspecta la carte, concentré, jusqu'à ce qu'il entende cette ignoble question. Hmf. On le foutait au milieu d'un complot comme un steak au milieu des requins pour lui pomper son fric ? Sérieux. Nam Ji réfléchit un instant. Il lui rendait assez mal, ce gosse, pour tout ce qu'il faisait pour lui. Il était quand même en train de lui payer des vêtements hors de prix pour qu'il gagne de la thune en se contentant de poser devant un objectif. Fallait pas déconner non plus. Seth n'était pas spécialement radin, mais il avait ses limites. « Nan. » Ça, c'était clair et net. Une serveuse vint alors prendre la commande et fut reçue avec un grand sourire de la part du gourmand de première. Un fondant au chocolat. Nam Ji posa son regard sur In Ho et... pour ce que ça coûtait, finalement... Deux fondants. Le plus vieux allait lancer une remarque pleine de cynisme dévorant à son vis-à-vis quand son téléphone sonna. « Mh ? Ouais ? (...) 'Tain, tu te fous de ma gueule, sérieux. (...) Ouais, salut. » Il posa son portable sur la table et adressa un regard noir à ce pauvre In Ho qui n'avait rien fait. Il l'observa, sourcils froncés. Sa tête, ses épaules, son allure. C'est vrai qu'il était canon, ce type. Seth tourna les yeux vers les vitrines pour regarder dehors. « Bon, oublie les boutiques, tu vas plutôt visiter mon dressing. Ce connard veut faire le shoot chez moi. » C'était l'endroit idéal, dans le fond, puisqu'il n'y avait pas appartement plus impersonnel que celui de Nam Ji. Le problème, c'était qu'il détestait prêter ses fringues. Rien d’égoïste là-dedans ; il avait juste le souci du neuf et du "jesuisleseulàlemettre."