there's a stranger in my bed, there's a pounding in my head

Une heure était passée depuis l'arrivé de l'intrus dans la maison. À genoux sur son lit, en pyjama, elle tenait son cellulaire comme si c'était le dernier fil la reliant à la vie. Et c'était peut-être le cas, tout compte fait. Ou peut-être qu'elle avait juste inutilement peur, mais l'affreuse créature avait de quoi se faire craindre. Et elle attendait toujours que son téléphone ne vibre entre ses doigts, annonçant son sauvetage prochain. Les pattes de la bête assombrirent la raie de lumière filtrant sous la porte de sa chambre, celle menant au couloir, et elle frissonna, s'agrippant encore plus fort à l'appareil mobile. Tant pis. Quel autre choix avait-elle que de contacter la seule personne qu'elle savait être capable d'à peu près tout – ou du moins, comparé à elle. Se mordant la lèvre inférieure, ses yeux s'abaissèrent vers le petit appareil et ses doigts voyagèrent lentement sur l'écran, caressant presque le nom de la personne s'affichant. Elle risqua un dernier regard vers la porte, entendant les grattement des griffes effilées sur son parquet, et elle soupira. Elle ne pouvait pas passer la nuit à attendre là, sur son lit, son chat roulé en boule à ses côtés alors qu'elle ne savait trop que faire. Ses yeux étaient rougis de fatigue et ses mains, tremblantes, étaient un peu froides, signe qu'elle était nerveuse, voir angoissée.

Et que ferait-elle s'il ne répondait pas pour une raison particulière? Peut-être était-il occupé, ou peut-être était-il si fatigué qu'il n'arrivait pas à sentir la vibration ou entendre la sonnerie de son appareil mobile. Elle prit une grande respiration, reposant le téléphone pour se lever, approchant la porte le plus silencieusement possible. Elle pouvait peut-être se débrouiller sans lui après tout. Ce n'était qu'un animal, mais... sauvage. Elle n'était pas certaine de vouloir affronter cette bestiole par elle-même, et encore moins seule. Elle entrouvrit la porte et son œil capta le rapide passage d'une fourrure noire et elle couina, refermant la cloison et sautant sur son lit. Bon, c'était décidé, elle n'avait pas le choix, elle était complètement incapable de s'en sortir par elle-même. Attrapant de nouveau le téléphone, grimaçant en réalisant qu'elle n'avait toujours pas obtenu de réponse, elle pressa le bouton d'appel, portant l'appareil à son oreille, écoutant attentivement chaque sonnerie avec espoir, soupirant quand on lui décrocha enfin. «<Enfin ! pourquoi tu ne répondais pas ?» demanda-t-elle avec un gémissement dans la voix.

« Enfin ! pourquoi tu ne répondais pas ? »

Il eut presque l'envie de rire de rage lorsqu'il entendit la voix de la demoiselle au bout du fil. Il se demandait toujours, jour après jour, pour quelle raison exactement il avait accepté de devenir son homme à tout faire. C'était complètement ridicule, sans parler qu'il n'arrivait absolument pas à supporter ces snobinards de riches. Impossible d'avoir une nuit complète de sommeil avec ceux-là. Et par nuit complète, chez lui, on entendait dire un bon trois heures de sommeil. Grave. « lc'est une blague j'espère. » répondit-il alors qu'il arrivait au pas de la maison, testant la poignée de la porte pour découvrir qu'elle était verrouillée. Forcément. « il est trois heures du matin, tu t'attends peut-être à ce que je sois réveillé et que je n'attende que ça que tu m'appelles au beau milieu de la nuit ? »

Mine de rien, il avait employé un ton calme. Il n'avait toujours pas perdu son sang-froid. Non, toujours pas, même si un ; sa bagnole était morte parce qu'il n'avait pas eut le temps de faire le plein d'essence, et, deux ; il commençait à se demander s'il n'était pas sur le point de souffrir d'une crise d'asthme après avoir couru exactement deux quartiers pour se rendre jusque chez elle. Sans même en être atteint. Sans vraiment se demander pourquoi ni la raison pour laquelle il s'y rendait, comme ça. Peut-être qu'elle s'était brisé un membre, qu'elle était sur le point de faire une émoragie ou quelque chose dans le genre et si c'était le cas alors ils étaient vraiment, tous les deux, dans la merde – parce que l'hôpital à la course, c'était un peu moyen. Il espérait tout de même que c'était très, très urgent comme situation. « tu viens m'ouvrir ou je dois passer par la fenêtre ? » ce n'était pas sérieux, évidemment. Évidemment... « et j'espère que tu as une bonne raison de me déranger à cette heure, liliann. »

Elle cligna des yeux, jetant un regard terrorisé vers la porte de sa chambre lorsqu'il lui indiqua que la porte était verrouillée. Bien entendu qu'elle l'était, elle ne voulait pas que n'importe qui puisse rentrer chez elle au milieu de la nuit. Elle se frotta le bras de sa main libre, nerveuse, et secoua la tête. Bon, il ne pouvait pas la voir, mais elle en sentait le besoin d'une manière particulièrement forte. Il n'était pas question qu'elle pointe le bout de son nez hors de sa petite forteresse tant que la bestiole n'était pas partie loin de sa maison. Très, très loin. Ça lui apprendrait à oublier de fermer la petite porte à chat menant vers son jardin lorsque la soirée tombait. « pas question que je sorte d'ici! » sa voix partait dans les aiguës et elle dut se racler la gorge un peu pour reprendre un ton de voix un peu plus normal. Juste penser à ouvrir la porte et tomber nez à nez avec l'animal la faisait frissonner d'horreur. Il devait bien y avoir un autre moyen pour lui d'entrer chez elle... « tu peux essayer de passer par la trappe à chat, elle est ouver- oh non, désolée, c'est impossible pardon je ne sais pas à quoi je pense.. »

Elle se frotta le front du plat de la main, déposant délicatement sa paume sur le dessus de sa tête, jouant avec ses cheveux nerveusement. Que faire, que faire? Elle ne savait plus trop. Elle tira sur une mèche, regardant l'obscurité de la nuit par la fenêtre. Oh, voilà! Une fenêtre! Mais quelle idiote elle pouvait être.. mais.. elle se mordit la lèvre à nouveau, fixant l'extérieur d'un air songeur, soupirant en réalisant à quel point cela allait être difficile pour le jeune homme. « il... il y a une fenêtre d'ouverte... au second... » sa voix était toute petite, gênée. Elle savait qu'il ne voudrait pas, mais elle savait aussi qu'il avait grand cœur et qu'il ne la laisserait pas tomber si elle en avait réellement besoin. Et elle en avait besoin! Vraiment! Elle s'accrocha à deux mains à son cellulaire, la voix grimpant un peu en force alors que son ton se faisait plus désespéré « je sais que c'est stupide et que je ne devrais pas te demander ça, mais je t'en prie, j'ai vraiment besoin de ton aide! Je t'en suppliiie! »

« il... il y a une fenêtre d'ouverte... au second... »

Définitivement, ça devait être une blague. Et sur le coup, son premier réflexe fut de se foutre une claque au visage. De une, parce qu'il voulait s'assurer que ce n'était pas un rêve – attendez, cauchemar – et, de deux, pour se réveiller même si ce n'était pas au sens propre. La douleur s’irradiant doucement de sa joue jusqu'à son crâne comme une mélodieuse perceuse lui creusant le fond de la tête le lui prouvait. Il secoua la tête et soupira. Il n'avait pas vraiment le temps de réfléchir, de toute façon. Mais il était déjà trop tard. Dès le moment où il avait coupé la ligne, glissé son portable au fond de sa poche et avait tourné le coin de la maison pour se rendre vers la cour, c'était mort ; il longeait déjà les murs presque accroupis – enfin... il n'avait pas réellement un fort besoin de se pencher mais... détail futile – s'imaginant sans effort qu'un voleur s'était peut-être faufilé dans la maison et qu'il la menaçait. Oui, ça devait être ça. Elle devait l'appeler d'un placard, paniquée, et c'était une excellente raison de l'appeler. C'est avec cette idée en tête qu'il escalada la première fenêtre avec peine et misère, s'assurant tout d'abord qu'il n'y avait personne dans cette pièce.

« aish.... » souffla-t-il lorsqu'il arriva à poser le bout des doigts sur la seconde fenêtre, son autre main accrochée avec force à ce qu'il – croyait – être de la tuyauterie, son pied droit appuyé sur une brique un peu plus saillante et son pied gauche, sur la pointe totalement des orteils, toujours appuyé sur celle du bas. Il ne manquait plus qu'un voisin aperçoive la scène et appelle les flics... tiens, pourquoi n'avait-elle pas fait ça, d'ailleurs ? C'est avec un hoquet de joie qu'il réalisa que la fenêtre était déjà ouverte pour lui. Dieu, merci. Donc elle n'était pas dans un placard.

Il ne sut trop comment il le fit mais il réussit toutefois à se hisser à l'intérieur de la pièce après plusieurs longues secondes – minutes – d'efforts. Enfin, pratiquement. C'était tout comme, c'était gagné dès le moment où il avait réussit à appuyer son ventre sur le bord de la fenêtre. Il n'y avait qu'un détail ; ses pieds, pas même ses orteils, ne touchaient le cadrage de briques supérieur de la fenêtre du dessous. Ses jambes se balançaient dans le vide et il grognait déjà de frustration. « serait bien s-si tu me donnais un c-coup de main... mes poumons vont ex-plo-ser. »

Elle n'était pas exactement certaine si c'était une excellente idée de faire appel à lui. Après tout, elle savait bien qu'il lui en voudrait à mort dès qu'il saurait de quoi il s'agissait réellement, car jusqu'à maintenant, elle s'était abstenue de lui révéler la vrai nature de ce qui se passait dans sa maison, et de ce qui se trouvait hors de sa chambre, à se qui vagabondait sur ses parquets propres, risquant à tout moment de paniquer et de détruire ses bibelots favoris. Elle se doutait que la bestiole avait fait un tour dans la cuisine, y dévorant les restes qu'elle avait pu y trouver. La tonalité s'échappant de l'appareil résonnait encore dans la chambre alors qu'elle avait mollement laissé tomber le téléphone sur ses draps, incertaine quant à la signification de cette coupure nette. Peut-être avait-il simplement abandonné, la tâche lui paraissant stupide et trop demandé. Ou peut-être tentait-il déjà de trouver une manière de s'infiltrer dans la maison. Elle posa une main sur la tête de son chat qui se mit à ronronner fortement, la distrayant un instant de sa situation un peu précaire. Mais bientôt, un bruit étrange provenant de sa fenêtre entrouverte la fit sursauter et elle leva les yeux, un papillonnement de soulagement lui chatouillant le ventre. Elle hocha la tête à sa demande, réalisant que sa stupéfaction l'avait clouée sur place, et se leva en vitesse pour attraper ses biceps gonflés par l'effort, tirant dessus pour que le jeune homme puisse finalement poser pied par terre. Elle ne pu s'empêcher de remarquer la dureté des muscles sous ses paumes, mais l'ignora tout de même. Elle savait déjà à quel point il était bien bâtit, de toute façon, à force de le voir travailler à sa vue.

Dès qu'il eut pleinement pied, elle pointa la porte d'un doigt gracieux, se mordant l'intérieur de la joue avant de murmurer, les yeux résolument fixés au sol « c'est là... elle se promène devant ma porte depuis environ 45 minutes et accoure dès que j'essaie de l'ouvrir... » c'était un peu humiliant, et elle n'aimait pas particulièrement avoir à demander de l'aide pour ce genre de truc assez... ridicule. Mais elle ne pouvait pas se résoudre à affronter directement la bête, et Dae Hyun était son seul espoir, même s'il finirait probablement par lui hurler dessus pour sa connerie. Mais que pouvait-elle faire? Elle ne savait même pas comment gérer ce genre de situation, personne ne lui avait apprit après tout...

« elle... ? » fut sa première réaction. Bah quoi... c'était une cambrioleuse... ? À moins qu'elle ne soit armée, alors, dans ce cas, ce n'était rien de bien dramatique. Son corps se détendit presque automatiquement et il essuya ses mains sur son pantalon – il n'avait même pas osé tenter de compter le nombre de toiles d'araignées dans lesquelles s'étaient posés ses doigts. Il soupira et hocha la tête, plissant ses yeux déjà trop petit pour tenter de voir un ombre ou quoi que ce soit sur la porte. Mais rien ne se passa et il pencha la tête, haussant les épaules avant de s'en approcher en douceur.

« pourquoi tu n'as pas appelé les flics alors ? » demanda-t-il, soulignant l'évidence même. Bon, peu importe. Il n'aimait pas trop les flics, lui non plus, alors au point où ils en étaient, autant s'en occuper. Il secoua la tête et n'attendit pas une seconde de plus avant de se diriger vers la porte et d'en tourner la poignée, passant la tête par là, observant les alentours. Rien. Pas un seul bruit. Pas un mouvement. Il haussa un sourcil, inquiet – espérant du plus profond de son âme qu'elle n'avait pas simplement fait un cauchemar et qu'elle paniquait pour rien. Il allait fermer la porte et le lui demander lorsqu'il entendit un bruit... un bruit – un bruit étrange, comme des griffes de chat qui grattaient un mur ou quelque chose. Ce qui ne l'inquiéta pas vraiment sur le coup... pas jusqu'à ce qu'il se rappelle vaguement avoir vu la boule de poil endormie sur le lit de la jeune femme.

« att- » et là, il baissa la tête lorsqu'il aperçut du coin de l'oeil une boule de poil lui passer sous le nez avant de reculer pour lui présenter les fesses. Elle le menaçait avec ses fesses qui se dandinaient et sa queue bien levée dans les airs et empestait un mélange infeste de pourriture, de terre, de pisse et d'il ne savait trop quoi encore. Ses yeux s'écarquillèrent – comme ils le pouvaient du moins – et il referma la porte brusquement. « putain t'es complètement cinglée – explique-moi ce qu'un PUTOI fait dans ta MAISON ? » et c'était lui qui devait se coller à ça en plus ? Vie de merde.

Elle remonta ses genoux à son menton quand, comme elle l'avait prévu, il se mit à la gronder comme si elle était une enfant. Et en plus, il réagissait comme si elle avait volontairement fait entrer l'animal chez elle! Il était malin, de croire ça. comme si elle voulait de cette bête puante dans son petit chez soi bien confortable, agréable et qui, par dessus tout, sentait délicieusement bon en tout temps! Elle n'avait pas besoin d'un putois pour lui briser la vie, briser ses meubles et remplir la maison d'odeurs nauséabondes qui allaient bien rester là pour les dix prochaines années. Et ça, c'était si elle arrivait à chasser l'affreuse bestiole de son adorable demeure! Si adorable que l'affreuse bête avait décidé d'y loger pour un moment, visiblement. Et ce n'était certainement pas pour lui plaire. Psychée allait perdre sa trappe si ce genre de bestiole l'utilisait plus qu'elle, ça c'était sûr. De toute façon, le félin l'utilisait à peine... elle demanderait à Dae Hyun de barricader la petite porte dès le lendemain.

Elle jeta un regard piteux vers ledit jeune homme, ses mains triturant nerveusement la bordure de ses shorts de pyjama, se balançant un peu sur le lit, mal à l'aise. Comment lui expliquer ce qui s'était passé sans paraître totalement ridicule à ses yeux? Quoi que c'était probablement déjà le cas, mais elle ne voulait pas paraître encore plus stupide qu'elle ne l'était vraiment – elle ne l'était pas, en fait, mais elle se sentait tout comme à ce moment. « elle est rentrée par la trappe du chat... je ne sais pas comment, je ne l'ai pas vu, je suis juste tombée face à face avec elle et j'ai paniqué... » elle expliqua lentement, tirant sur son short comme pour se cacher le plus possible, visiblement gênée. Oh, il ne fallait pas douter, elle se sentait coupable de l’appeler en pleine nuit pour lui demander de s'occuper de ce genre de cas indésirable, mais à qui d'autre pouvait-elle se fier? Personne qu'elle ne connaisse. Et sa meilleure amie n'allait certainement pas accourir pour faire face à un putois, animal qui la répugnait totalement. « je suis désolée, mais je ne sais vraiment pas comment gérer ceci...et tu es le seul qui me semble apte à le faire... » ses lèvres se pincèrent et elle releva les yeux, qu'elle avait gardés fixés au sol, vers lui, suppliante.

Respirer était la première étape. Inspirer lentement et expirer tout doucement pour ne pas perdre son sang-froid. Ça, il maîtrisait généralement très bien, ce n'était pas très grave. seulement là, il n'avait dormi qu'environ vingt minutes dans toute sa nuit et il n'avait jamais eut de réelle formation quant à ce cas – 'comment faire face à un putois furieux'. Oui parce qu'il l'était. Visiblement, il avait trouvé la porte d'entrée, mais la sortie, ça, c'était différent. Trop con pour revenir sur ses pas. Depuis combien de temps est-ce qu'il traînait dans la maison exactement ? Allez savoir, mais c'était la seule raison logique à laquelle il avait pu se résigner, la raison pour laquelle elle était complètement furieuse et paniquée. Il posa deux doigts sur son front et hocha négativement la tête. Pourquoi avait-il accepté déjà ? Oui, le fric. Le fric. Il devait s'en rappeler à tout prix. C'était la seule raison pour laquelle il avait accepté – deux jours de travail ici en valaient quatre ailleurs et c'était toute une aubaine pour un pauvre garçon comme lui.

« okay. je vais tout simplement ignorer l'absurdité de la chose. » dit-il lorsqu'il fut totalement certain d'avoir digéré la situation. En réalité il n'avait pas digéré la situation – mais il ne pouvait pas non plus rester ici toute la nuit. Après tout, un putois, ça n'avait rien de méchant. Ça empestait, et probablement allait-il empester lui aussi dans les prochaines minutes, mais il laissait à la discrétion de la propriétaire de la maison le choix de la solution pour faire en sorte que l'odeur insupportable disparaisse. « tiens, pourquoi tu n'essaies pas de sortir par la fenêtre toi aussi ? va donc chercher le plus de gels, savons parfumés et jus de tomate divers possible. on en aura besoin. » Sa langue claqua nerveusement contre son palais et il remonta les manches de sa veste alors qu'il traversait la porte, se lançant à la poursuite de l'horrible, mignonne petite créature. « à toi et moi, georges. » fit-il, se frottant les mains, observant la boule de poil passer au bout du couloir pour se faufiler dans une autre chambre.

Elle hocha vivement la tête, toutefois peu certaine de comprendre. Ou plutôt avait-elle peur de comprendre. Allait-il réellement se jeter dans la gueule du loup sans protection, sans plan ni rien? Elle ne savait pas s'il était courageux, ou simplement stupide, mais il fallait qu'elle admette qu'il était probablement le meilleur choix possible pour ce genre de situation. Quand elle le vit sortir de la chambre, elle s'empressa d'obéir à sa demande, se dirigeant vers la fenêtre et passant une jambe par dessus, s'immobilisant par contre en réalisant dans quelle tenue elle se trouvait. Elle ne pouvait décidément pas sortir comme ça, quand même...mais ça avait l'air pressant, et il était déjà partit, alors... elle attrapa simplement une veste qu'elle enfila par dessus son pyjama rapidement, attrapant son sac à main au passage qu'elle jeta par la fenêtre, grimaçant en l'entendant atterrir sourdement sur le sol. Suivant le même trajet, elle passa les jambes par dessus le rebord de sa fenêtre, hésitante, mesurant la distance entre ses pieds et le sol, s'accrochant au rebord de la fenêtre de toutes ses forces. Elle ne voulait décidément pas tomber à cette hauteur. Mais elle savait bien que si elle se descendait à bout de bras, elle atteindrait sans mal le rebord avancé de la fenêtre du bas.

Et c'est donc ce qu'elle fit avant de se laisser glisser précautionneusement au sol, attrapant son sac à main avant de partir vers l'épicerie ouverte la plus proche, pas très loin, refusant de prendre sa voiture et optant plutôt pour son vélo, beaucoup plus silencieux et moins difficile à manœuvrer dans les ruelles lui permettant de rejoindre rapidement le petit marché ouvert 24/7. Elle acheta sans compter tout ce qu'il lui avait proposé, peu sûre de ce qui fonctionnait le mieux, embarquant le tout et retournant à la maison sans attendre, arrivant finalement une quinzaine de minute après son départ, déverrouillant la porte d'entrée et l'entrouvrant avec prudence, son nez se retroussant immédiatement sous l'odeur qui avait envahie sa maison. « Dae Hyun..? » elle poussa un peu plus la porte, n'entendant aucun signe de bagarre ou de course poursuite. Mais rien non plus de la part de son homme à tout faire provisoire. Elle referma la porte derrière elle, posant ses courses sur le sol, appelant le jeune homme un peu plus fort « Dae Hyun? ».

Ses vêtements avaient retrouvé le sol bien rapidement lorsqu'il avait réalisé à quel point l'odeur était infecte. C'était bien pire qu'il ne le pensait, et il y en avait partout. Partout sur lui, et probablement sur les meubles, mais il avait réussit à balancer la chose par une fenêtre. Plus. Jamais. Et, évidemment, soucis de bien faire, il avait verrouillé l'entrée du chat avant de se diriger vers la salle de bain, laissant un morceau de vêtement sur son chemin à tous les mètres ou demi-mètres. Il n'était franchement pas question de garder ces vêtements une seconde de plus, et même s'il les aimait bien, il devait faire son deuil ; il ne les porterait plus jamais.

Il s'était d'abord passé le visage à l'eau, tentant de se rafraichir un peu et de ne pas trop respirer par le nez. C'était le mieux à faire pour le moment, et même si l'envie était très forte, il résista à l'idée d'asperger la salle complète de la bouteille de parfum qui se tenait droit devant lui. Pour une raison ; il ne voulait pas la vider. Parce qu'en ce moment, entre sentir la femme... et ça, il préférait toujours sentir la femme. Il fut presque soulagé lorsqu'il l'entendit ouvrir la porte et l'appeler, et ne réfléchit pas vraiment lorsqu'il lui répondit automatiquement ; « salle de bain ! » puisque, son intérêt premier était de laver tout ça. Au moins, la maison n'en avait pas trop souffert ; il en avait été la principale victime et l'odeur finirait par s'évaporer après quelques lavages... qu'il devrait probablement effectuer. Puis, finalement, au bout de quelques secondes, il réalisa une chose ; il était tout de même complètement nu. Clignant des yeux, il balaya la pièce d'un regard perplexe avant d'attraper la première chose qui lui tomba sous la main ; un énorme chapeau, s'assurant de le placer devant lui. Oui bon... c'était ça ou un soutient-gorge, hein. Il n'était pas très à l'aise avec cette dernière idée. « je... euh... fais pas trop la gueule en rentrant hein... »

Elle faillit soupirer de soulagement en l'entendant finalement répondre, attrapant les deux sacs que la vendeuse hilare lui avait offert alors qu'elle tentait d'enfourner le plus de produit possible dans son sac à main, se dirigeant à pas rapide vers la salle de bain, captant du regard des pièces de vêtement sur le sol, une odeur absolument infecte s'en échappant. Dae Hyun avait réussit son boulot, mais pas sans mal, visiblement. Près de la salle de bain, elle réalisa soudainement que le jeune homme devait être à moitié nu, voir plus au vu du nombre de vêtements laissés au sol. Entendant son avertissement, elle poussa prudemment la porte, glissant sa tête par l'ouverture en retroussant le nez de nouveau, les couches de tissu ayant recouvert l'homme ne l'ayant visiblement pas totalement protégé du liquide fétide de l'animal. Mais ce n'était pas le plus important. Le plus important se situait au niveau de son entrejambe, énorme et peu subtil; son chapeau de plage.

Ses yeux devinrent ronds sous la surprise et ses lèvres s'étirèrent contre sa volonté, de plus en plus, jusqu'à ce qu'elle se morde la lèvre inférieure pour étouffer les hoquets de rire tentant de s'échapper de sa gorge. Oh mon dieu, il était complètement nu et se couvrait avec son chapeau de plage! Elle ne put finalement s'empêcher d'éclater de rire, une de ses mains se posant sur son front alors qu'elle riait, tentant de reprendre son souffle et de regagner son sérieux, sans grand succès ni pour l'un ni pour l'autre. « oh mon dieu, ça, ça c'est loin de ce que je pouvais imaginer-! » elle s'esclaffa, retirant finalement sa tête de l'ouverture pour ouvrir la porte complètement, laissant les deux sacs de plastique tomber à ses pieds, les poussant du bout des orteils vers le pauvre homme. « voilà, ahah, j'ai pris tout ce que je pouvais, tu as besoin d'aide pour autre chose? » elle se força à reprendre le contrôle de son rire, sa voix tressautant un peu mais tout de même plus régulière. Elle avait presque envie de prendre une photo et de garder ceci en souvenir, mais elle doutait que le garçon en soit ravi, il était donc mieux de s'abstenir.

Il n'avait pu empêcher une grimace de se dessiner sur les traits de son visage. C'était embarrassant. Il n'avait rien à cacher, non – mais c'était tout de même embarrassant. Et il espérait franchement que toutes ces choses allaient fonctionner. Il prit le temps de les sortir du sac une à une et de les observer, grimaçant à l'idée de devoir prendre un bain de jus de tomate... ah, comme c'était – sexy, ouais. Il dût fixer la bouteille quelques longues secondes – minutes, peut-être ? - avant de s'y résigner ; il ne savait pas du tout quoi faire avec ça, en fait. Demander de l'aide à la jeune femme était hors de question mais ne pas l'utiliser de la bonne façon... n'était pas non plus la bonne solution. Il fronça les sourcils, mécontent, avant de soupirer et de tourner la tête vers la porte. Définitivement. Il détestait sa vie, parfois.

« eh je... euh... je.... » balbutia-t-il avant d'attraper la première bouteille de jus de tomate et de se diriger vers le bain. La première chose à faire était déjà ça. Il n'était toujours pas certain d'avoir envie de lui demander de l'aider et d'entrer à nouveau dans la salle de bain mais il devait s'y résigner. De toute façon, les femmes savaient comment faire ce genre de trucs... - ça devait être un truc en rapport avec l'instinct maternel. Ou quelque chose comme ça. Il se racla la gorge une dernière fois, tournant la tête vers la porte après s'être tourné et avoir attrapé une serviette pour la mettre autour de sa taille. Il n'était pas si exhibitionniste que ça quand même, si ? « en fait je sais pas du tout quoi faire de deux bouteilles de jus de tomate. » expliqua-t-il, mâchant ses mots et articulant bien chacune des syllabes de sa phrase. Il n'allait pas lui demander directement de l'aide... - les femelles comprenaient toujours les sous-entendus de toute façon.

Elle avait décidé d'attendre un peu avant de le laisser tranquille, juste au cas où il aurait besoin d'aide au final, et visiblement c'était la bonne décision à prendre, puisqu'il suffit d'une minute ou deux avant qu'il n'admette qu'il avait besoin d'elle, au moins pour savoir quoi faire avec le jus. Elle aurait bien voulu en ramener plus, et elle devait admette qu'il aurait été plus pratique pour lui d'avoir un véritable bain, mais elle se voyait mal revenir avec une dizaine de bidons de jus de tomate en vélo.. elle ne savait même pas si elle aurait été capable de tous les prendre sans tomber ou sans les laisser tomber, c'était plutôt lourd après tout. Elle repoussa donc la porte, se glissant dans la salle de bain, un sourire s'accrochant à ses lèvres alors qu'elle remarquait que l'énorme chapeau avait été remplacé par une serviette, moins drôle mais beaucoup plus pratique, elle devait l'avouer. Et beaucoup moins risqué. Elle lui fit signe d'attendre un peu et ouvrit une armoire pour en sortir une serviette à main, se dirigeant ensuite vers le bain en rapprochant ses achats du bord de la baignoire afin d'y avoir facilement accès.

« assieds toi sur le rebord, ça va être plus facile. Dos à moi pour commencer. » elle appuya sur une de ses épaules pour l'inciter à s'accroupir, se forçant à le regarder dans les yeux pour ne pas poser son regard ailleurs. Elle en avait bien du mal d'ailleurs, mais elle savait que si elle osait poser les yeux sur cette étendue de peau nue recouvrant cette solide musculature qu'elle avait admirée tant de fois, elle ne pourrait s'empêcher de se sentir gênée ou nerveuse. Ce n'était pas tous les jours qu'elle avait un mâle pratiquement nu dans sa maison, pour dire que c'était assez rare, et elle n'avait pas le plus moche devant les yeux, admettons-le. Secouant la tête, elle attrapa la première bouteille de jus de tomate et en versa une certaine quantité sur le linge, s'assurant de ne rien gaspiller et de ne rien échapper; elle était sûre qu'elle aurait besoin de chaque goutte de ce jus pour effacer cette odeur infecte qui irradiait du pauvre jeune homme. « je n'ai jamais fait ça mais... j'imagine que la situation ne peut pas vraiment être pire de toute façon. »

« ne dis pas ça. » avait-il répondu, presque par règle d'automatisme. Il avait appris à ne plus jamais dire que ça ne pouvait être pire que ça parce qu'il savait que toute situation pouvait empirer. Et dire ça attirait souvent la foudre lors d'un orage, mh ? Il n'était pas superstitieux mais à ce niveau-là il était difficile de dire que ça ne pouvait être pire. Il grimaça et tourna la tête brièvement pour la regarder. « ça peut toujours être pire. leçon de vie numéro treize. » il l'avait tout de même dit avec une touche d'amusement... parce qu'après tout, ç'aurait bien été beau de voir ce qui pouvait réellement être pire à cette situation. Ou plutôt... terrible de le voir, ouais.

« peu importe. les femmes ont ce truc qu'on appelle instinct maternel. elles savent toujours comment agir dans ce genre de situation. » il haussa les épaules à la suite de ses mots, tournant à nouveau la tête pour regarder droit devant lui, fermant cependant très bientôt les yeux. De toute façon, mine de rien, ce n'était pas particulièrement désagréable qu'on lui frotte le dos de la sorte ; c'était plutôt le contraire, d'ailleurs. Ce n'était pas la femme de ses rêves mais un semi-massage de la part d'une demoiselle n'était cependant jamais refusé. Si on pouvait le dire ainsi. Et si on mettait à part l'odeur infecte du putois et... de la tomate. « je vais faire fuir mes clients si je retourne au boulot avec cette odeur sur moi partout.... » commenta-t-il d'un ton bas, laissant passer un faible rire – ironique et jaune, mais un rire tout de même. Il baissa la tête et soupira, incapable de s'empêcher d'ajouter un dernier petit commentaire. « ha, c'est comme un massage. c'est bon de t'exploiter pour une fois. » et il tira la langue, forcément.

Elle roula des yeux à ses commentaires, refusant de répondre pendant un moment alors qu'elle s'appliquait à nettoyer généreusement chaque petite parcelle de peau placée à sa vue, s'assurant que la quantité de jus de tomate soit toujours suffisante, retroussant le nez de temps à autre alors que l'odeur putride du putois se faisait lentement remplacer par le parfum acide mais doux de la tomate. Ce n'était pas encore l'idéal, mais elle pouvait voir -sentir- l'amélioration. Mais elle avait bien l'impression que son dos n'était pas l'endroit le plus atteint, et elle s'arrêta lorsqu'elle atteignit la serviette cintrant ses hanches, penchant la tête. « si tu veux continuer d'exploiter mon côté maternel, il va falloir que tu te tournes... ou que tu enlèves ta serviette. À ta guise, monsieur l'exploiteur. » elle haussa un sourcil à la suite de sa phrase, un petit sourire en coin imprégné sur les lèvres alors qu'elle se redressa, balançant la bouteille de jus entre ses doigts fins, pratiquement certaine qu'il réagirait à sa provocation innocente – ou du moins dépourvue de méchanceté – et se retournerait. Elle doutait fortement qu'il accepte de retirer la serviette, et elle espérait à quelque part qu'il ne le fasse pas. Elle se retrouverait dans une situation bien embarrassante s'il le faisait.

Attendant qu'il prenne sa décision, elle ouvrit le robinet du bain pour rincer le petit linge qui commençait à sentir un peu trop fort à son goût, risquant un regard vers lui une ou deux fois, mais pas plus qu'une seconde, s’affairant plutôt à sa tâche. Elle ne savait pas exactement si elle trouvait la situation risible ou gênante, et plusieurs choses lui trottaient dans la tête pour la suite des opérations. Comment allait-il retourner chez lui? Elle n'avait pas entendu de voiture; il était donc venu à pied, ou du moins le croyait-elle. Il n'avait plus de vêtements; ceux qu'il portait précédemment était complètement fichu, et même si elle avait en tête de lui rembourser le moindre morceau au double du prix, elle ne pouvait pas aller lui chercher ces vêtements en pleine nuit, alors que rien n'était ouvert, ou du moins aucune boutique appropriée. « comment va-t-on faire pour tes vêtements? » demanda-t-elle alors, tordant le linge humide pour en retirer le plus d'eau nauséabonde possible.

« comment va-t-on faire pour tes vêtements? »

Ça, c'était une question à laquelle il n'avait pas réfléchit. Et, à bien y penser... il aurait préféré ne pas avoir à le faire. S'il s'était retrouvé chez lui, ça aurait été bien rapidement réglé. En l'occurrence, il ne pouvait pas tout simplement courir jusque chez lui vêtu d'une simple serviette serrée comme possible sur ses hanches. C'était complètement ridicule. Il haussa de nouveau les épaules, même s'il savait que liliann ne pouvait vraiment le voir pour le moment, et se tourna sans même relever sa provocation. Dès l'instant où elle avait prononcé le dernier problème, il ne s'en inquiétait même plus. Il reprit place au bord du bain, faisant face à la porte et à la jeune femme cette fois, mains appuyées de chaque côté de son corps.

« franchement... je n'en ai aucune espèce d'idée. » répondit-il, l'air pensif, tirant la serviette entre ses jambes pour lui faire un peu de place sans toutefois lui offrir une position compromettante. Il passa une main au travers de ses courts cheveux et soupira. « j'imagine que je vais devoir rester ici cette nuit. si tu n'as pas cours demain... toute à l'heure, je te donnerai de quoi aller chercher des vêtements pour moi. ou... je demanderai à quelqu'un d'aller en chercher sur moi. » ouais, ça, ça devrait pouvoir se faire. En attendant, il n'y avait qu'un petit problème. « ça ne me dérange pas particulièrement de dormir nu, mais je ne suis pas certain que ça soit la bonne option, ici. et à moins que tu n'aies une meilleure idée, il n'est pas question que je rentre chez moi vêtu de la sorte... » il haussa un sourcil, un sourire désolé placardé aux lèvres, redressant le haut de son corps pour lui donner suffisamment d'espace pour... se mettre au boulot, disons.

Haussant les épaules, elle versa du jus sur le linge de nouveau, s'avançant vers lui, gardant les yeux sur son visage alors qu'elle s'accroupissait devant lui, son esprit fixé sur ce qu'elle avait à faire et non pas sur ce qu'elle avait devant les yeux. Elle approcha le linge de son visage, frottant sa mâchoire et son cou avec douceur, notant que sa peau prenait une amusante teinte orangée à certains endroits à cause du jus. Remontant sur une de ses joues, elle attrapa son menton avec délicatesse pour tourner son visage un peu, se facilitant l'accès. « ferme les yeux. » elle leva le linge, continuant de laver son visage. Elle ne savait pas si l'urine infecte avait atteint son visage, mais valait mieux être prudent et s'assurer que tout était effacé. Elle retrempa le tissu légèrement et se remit au travail, nettoyant soigneusement son visage. « demain j'ai cours, malheureusement, mais tu peux bien coucher ici, ça ne me dérange pas. je ne sais pas trop pour les vêtements, par contre... et tu pourrais dormir dans le salon, j'imagine, je n'ai pas encore reçu le matelas pour l'autre chambre. je te donnerai le double de mes clés pour que tu puisses partir seul. »

Elle lui aurait bien proposé de dormir avec elle dans sa chambre, après tout cela ne la dérangeait pas tellement, mais elle n'était par contre pas totalement à l'aise avec le fait qu'il soit obligé de dormir complètement nu. Et puis d'un autre côté, son invitation aurait peut-être passé pour quelque chose de plus. Quoique s'il était vraiment gay, comme elle le croyait, il n'y avait pas grand risque qu'il y voit quelque chose. Elle descendit le linge après avoir finit son visage, s'appliquant désormais à ses épaules, attrapant un de ses bras et le ramenant vers elle, s'assurant de ne pas s'attarder sur ces biceps pour ne pas paraître trop obsédée, ou quoi que ce soit dans le même genre, et se forçant même à ne pas trop regarder, sans quoi elle savait que son regard traînerait un peu trop et que cela mettrait ses intentions innocentes en doute, ce qu'elle ne désirait pas. Elle n'était pas une femme très portée à regarder les hommes ainsi, mais elle savait tout de même reconnaître un bel homme lorsqu'elle en voyait un, et elle ne pouvait pas dire le contraire à propos de Dae Hyun.

Il avait fermé les yeux sans même protester une seconde, la laissant s'occuper de son visage, fronçant cependant le nez même s'il ne protestait pas verbalement. Le linge était tout de suite beaucoup moins délicat sur son visage, et si c'était une caresse agréable sur son dos, ça ne l'était pas nécessairement dans son visage – peut-être était-ce l'effet... tomate, aussi. Lorsqu'il pu enfin ouvrir les yeux, il cligna plusieurs fois, sa vision flou l'instant de quelques secondes et il baissa les yeux pour observer sa main faire, le liquide peu ragoûtant lorsqu'il se posait sur sa peau la teintant d'un orangé lui donnant l'impression de passer trop de temps à se faire asperger d'auto-bronzant. Ce qui n'était pas particulièrement appréciable, avouons-le.

« mmh, le salon m'ira alors. » répondit-il simplement. Il était même plutôt convaincu que son cannapé était plus confortable que son pauvre matelas posé sur le sol. Et pour ce qui était de la taille... il n'avait pas réellement de problème avec ça, même s'il n'aimait pas particulièrement l'avouer. Il observa vaguement son corps et tendit les bras, pointant les avant-bras d'abord. « le ventre et les bras sont les plus touchés. c'était un bébé, je crois... terrible. j'ai dû me protéger avec mes bras. » il haussa les épaules. Ce n'était pas vraiment plus grave que ça. Il espérait simplement que l'odeur ne serait pas trop pénible et qu'elle disparaitrait rapidement – tout de suite après la période douche, en fait. Parce qu'évidemment, il comptait bien prendre une douche – pas question d'endurer l'odeur tomate non plus, ce n'était pas vraiment plus supportable... enfin si, ça l'était, de loin, mais sentir la tomate jusqu'au réveil n'était pas quelque chose qu'il avait envie d'expérimenter. Il laissa un moment de silence passer avant de parler, profitant du temps qu'ils avaient tous les deux – ils étaient rares – pour en savoir davantage sur la jeune femme. Ou faire la discussion, plutôt, puisque l'ambiance était un peu... tendue, pour ne pas dire qu'elle l'était extrêmement. « ça ne te dérange pas trop de devoir toucher un homme ? j'imagine que c'est délicat quand on ne les aime pas. » demanda-t-il, l'air pensif. Il n'avait jamais vraiment eut de tact de toute évidence...

Sa main se stoppa brutalement dans sa lancée alors qu'elle avait consciencieusement commencé à nettoyer ses bras, attentive après avoir entendu qu'ils étaient les plus touchés avec son ventre. Elle releva lentement les yeux vers le jeune homme, un air interdit et tout à fait stupéfait au visage. De quoi diable parlait-il? Attend, croyait-il vraiment qu'elle était... aux femmes? Qu'elle n'aimait pas les hommes? Sérieusement? Juste le fait qu'il le dise ainsi l'insultait un peu, aussi. C'était franc, elle ne pouvait pas lui reprocher cela, mais quand même, cela manquait de tact, et de classe aussi. Pour qui la prenait-il exactement, à quel point se trompait-il sur elle? Pinçant les lèvres, elle lui donna un coup de lingette sur la joue, une moue réprobatrice au visage. « impoli, on ne parle pas ainsi à une demoiselle! Et je ne vois pas du tout d'où tu sors cette idée. Qui a dit que je n'aimais pas les hommes? » elle tapota son nez du bout de l'index, les sourcils froncés pour avoir l'air un peu plus sérieuse. Mais elle n'était pas réellement insultée, et au fond cela ne la dérangeait pas tellement, puisqu'après tout, elle pensait la même chose de lui. Restait à savoir si c'était bien la vérité.

Elle reprit son boulot, frottant les bras pour les défaire de leur odeur pour le moins irrespirable, secouant la tête avec un amusement agacé. Alors il croyait vraiment qu'elle était comme ça? Ce n'était pas réellement insultant, mais cela voulait dire qu'il se sentait à l'aise avec elle, puisqu'il ne craignait pas voir leur relation changer avec les désirs sexuels, du moins de son côté, et qu'il allait peut-être moins apprécier sa compagnie désormais. Mais cela ne l'inquiétait guère. Après tout, ce n'était pas si grave, puisque l'attirance ne pouvait pas être réciproque...du moins si elle n'avait pas tort à propos de l'orientation sexuelle de l'homme. Se mordant la lèvre inférieure, elle hésita un moment avant de murmurer, un peu gênée « ça... change quelque chose? » elle ne souhaitait pas tellement qu'il ne prenne du recul ou quoique ce soit. Elle croyait avoir bien retenu toutes ses remarques positives sur son apparence ou quoique ce soit qui aurait pu le gêner ou lui mettre la puce à l'oreille sur la probabilité qu'elle soit attirée par lui, visiblement assez pour qu'il la croit portée vers le même sexe.

Il recula considérablement son visage après les petits tapotements de son doigt sur son nez. Surpris, il l'était. Comment pouvait-il savoir qu'elle n'aimait pas les femmes ? Elle était féminine, très féminine sur certains points mais n'était pas réellement comme toutes les femmes. Ce n'était pas parce qu'il aimait voir son reflet dans un miroir ou croyait plus que ce qu'on lui donnait mais une femme normalement constituée aurait lorgné sur ses muscles dans une telle situation. Ou pleins d'autres – comme celles qui s'étaient produites ici, n'est-ce pas ? Et une femme normalement constituée aurait été plutôt outrée de le retrouver complètement nu dans sa salle de bain avec un chapeau devant son entrejambe. Elle aurait crié, lui aurait balancé un truc ou se serait caché les yeux. … du moins il croyait. Il ne l'avait jamais vue en compagnie d'un autre homme et puis... et puis voilà, tout ça lui semblait logique. Il fronça le nez et les sourcils, gonflant les joues.

« eh... … désolé... » fit-il, d'un ton bas. Il n'était pas vraiment gêné, plutôt surpris au final. Il ne se sentait pas particulièrement mal à l'aise non plus mais il y avait tout de même un point de vue différent à la situation maintenant. Entre un homme homosexuel et une femme hétérosexuelle, ça allait. L'inverse aussi faisait du sens. Ce qu'il croyait être de la situation, et qui ne l'était plus. Mais un homme et une femme tous les deux attirés par le sexe contraire dans ce genre de situation était un peu surprenant, pour ne pas dire complètement cinglé, et n'importe quel religieux leur aurait lancé de l'eau bénite. Quoi que les religieux... - - il s'en fichait. « ça... ne change rien. mais j'ai un mal fou à t'imaginer avec un homme. » répondit-il d'un air, à nouveau, pensif. « mais c'est vrai que ça doit être rare, les homosexuels, chez les riches. » conclut-il, mine de rien, en haussant les épaules.

Haussant une épaule, elle fit couler le liquide rouge sur la lingette à nouveau , attrapant son autre bras pour le ramener un plus plus près, le nettoyant avec tout autant d’acharnement malgré l'étrangeté de la conversation – et de la situation. Elle tentait surtout de ne pas regarder droit devant elle et d'ignorer à quel point il devait se sentir mal à l'aise en apprenant qu'une femme, hétérosexuelle, se trouvait pratiquement à genoux entre ses jambes alors qu'il n'avait qu'une serviette pour protéger sa pudeur. Remontant jusqu'au biceps, elle tira sur son poignet et rapprocha son avant-bras de son visage pendant quelques secondes, le temps de s'assurer que l'odeur de putois était pratiquement disparu de sa peau, se dressant ensuite sur ses genoux, se retrouvant pratiquement face à face avec lui – elle oubliait parfois à quel point il était petit, comparé à elle. Elle pressa la petite serviette sur l'une de ses clavicules, essuyant la peau, se concentrant sur sa tâche. « ma petite sœur est aux femmes. » commenta-t-elle légèrement, sur un ton de confidence. Elle n'était pas mal à l'aise avec ce genre d'orientation, et elle avait d'ailleurs quelques connaissances qui étaient homosexuelles, et cela ne la dérangeait pas le moindre du monde.

Continuant, un peu plus prudemment, sur son torse, elle osa à peine le regarder alors qu'elle continuait, plus pour s'occuper l'esprit que pour faire la discussion avec lui. Non pas qu'il n'était pas un bon interlocuteur, mais elle était un peu gênée, à ce niveau, pour plus d'une raison qu'elle ne voulait pas nommer. Mais il était bien fait, et elle avait l'impression qu'il n'apprécierait pas si elle était démonstrative à ce propos. « pourquoi croyais-tu ça, au juste? Tu m'imagines mieux avec une femme? » elle sourit légèrement, malicieuse, alors qu'elle levait les yeux vers son visage pour lui tirer la langue, taquine. « garde tes fantasmes pour toi, petit pervers. » oui, elle le narguait un peu, mais c'était complètement à la blague. Après tout, les hommes gays n'avaient pas l'habitude de fantasmer sur les femmes lesbiennes... elle croyait que c'était réservé aux hétérosexuels. Mais bon, allez savoir, peut-être était-il un cas spécial.

« garde tes fantasmes pour toi, petit pervers. »

il pinça les lèvres à ses mots et ne put s'empêcher de rouler les yeux. Il était un homme, c'était donc indéniable ; évidemment que deux femmes ensemble ça avait de quoi le faire fantasmer. Un peu comme, pour certaines femmes, voir deux hommes ensemble était le fantasme ultime. Il devait avouer, par exemple, que s'il avait cru tout ce temps que son « employeur » était homosexuelle, il y avait déjà pensé quelques fois. Comment pouvaient-on s'en empêcher de toute façon ? La jeune femme n'était pas horrible – elle était même jolie. Attirante. Malheureusement, il la voyait à présent comme une marâtre et c'était souvent suffisant à faire mourir une érection. De nouveau, il se vit hausser les épaules, perplexe quant à la réponse qu'il allait lui donner. Par contre...

« je suis un homme. tous les hommes ont des fantasmes. et ils en ont dans les moments où on s'y attend le moins. qu'est-ce que j'y peux... » il humecta ses lèvres et s'appuya une fois de plus sur le bord du bain, inclinant son corps vers l'arrière un peu et observant toujours ses gestes. Il n'arrivait vraiment pas à voir la jeune femme comme hétérosexuelle. Il avait bien une idée de test en tête, mais il ne savait trop si c'était une bonne idée. Et puis, il n'avait aucune raison de faire ça, sauf peut-être satisfaire sa mauvaise curiosité. Malgré tout, après l'avoir fixée un long moment en silence, il s'exécuta et se pencha vers elle, ses coudes appuyés sur ses cuisses et son visage à quelques centimètres du siens. Il la scruta quelques secondes, un air un peu gamin au visage. « si je fais un test, tu promets de ne pas claquer trop fort et sur la joue gauche ? » demanda-t-il d'un ton amusé.

Ses yeux s'agrandirent un peu et elle le fixa pendant quelques secondes, perplexe et curieuse. Sa main, jusque là encore posée sur le haut de son torse, retomba sur le bord du bain, la lingette appuyée contre la céramique. Elle ne fit pas attention aux quelques gouttes allant s'écraser au sol, trop surprise par cette soudaine approche et sa demande. « et si je le fais sur la joue droite, ça va? » bon, non, elle n'avait pas l'intention de le claquer, elle n'était pas comme ça, et surtout qu'il demandait avant d'agir, peu importe quelle stupidité il avait en tête, mais elle n'avait pu s'empêcher de répondre par automatisme, tentant de ne pas laisser la situation devenir tendue. À quoi pensait-il exactement? Leur soudaine proximité et la discussion qu'ils avaient la rendaient particulièrement confuse, et elle commençait à douter de ce qu'il comptait faire. Mais elle n'osait pas réfléchir trop longuement, car peu importe ce qu'il comptait faire, elle avait pratiquement déjà accepté avec ce genre de réponse un peu stupide. Elle n'arrivait pas à penser trop sérieusement de toute façon, tout était beaucoup trop invraisemblable pour qu'elle soit apte à penser correctement à ce qui se produisait et à lui donner un sens.

Elle commençait à regretter que Mogsoli ne soit pas la pour la conseiller. C'était l'une de ces situations où elle se sentait un peu trop perdue pour pouvoir s'en sortir seule, mais la voix ne semblait pas vouloir l'aider en cette nuit étrange. Peut-être avait-elle décider qu'il était temps pour elle d'apprendre à se débrouiller avec ce qu'elle avait sous la main, quitte à prendre de mauvaises décisions et faire de véritables conneries? Après tout, ne fallait-il pas apprendre de ses erreurs? Mogsoli lui avait évité un bon nombre d'erreurs, mais peut-être était-il temps qu'elle apprenne par elle-même, même s'il s'agissait d'un domaine où l'expérience ne donnait pas grand chose, puisque d'un humain à l'autre, les relations entretenues ne se ressemblaient pratiquement jamais. « quel genre de test..? » elle se devait de demander, même si elle se doutait qu'il allait faire le test avant de lui expliquer les démarches, le raisonnement derrière et le but de son test.

Il lui adressa un tout nouveau sourire amusé, ce dernier s'esquissant au coin de ses lèvres cette fois. Il ne savait pas si c'était le fait de se jouer de la bourgeoisie ou de lui faire peur qui l'amusait. Mais, au fond, c'était réellement un test... combiné avec un peu d'amusement de sa part et, peut-être, qu'il en profitait juste un peu. Après tout, il n'avait pas passé de temps intime avec une femme depuis... depuis un trop long moment. Ce n'était pas si mal que ça d'en profiter, non ? Puis, il l'avait avertie, de toute façon. La seule chose qu'il risquait ? Perdre un emploi chiant, mais utile. Chiant, évidemment, c'était toujours relatif de la situation, du jour, et de ses heures de sommeil. Aujourd'hui, par exemple, était une journée chiante ; qui pouvait se transformer en quelque chose d'amusant, ou de très agréable.

« on m'a décroché la mâchoire du côté gauche quand j'étais plus jeune. le côté droit me va. » lui expliqua-t-il malgré tout avant d'attraper son menton entre deux doigts, délicatement, redressant la tête de la jeune femme et rapprochant son visage du sien jusqu'à ce que ses lèvres se posent tout doucement sur les siennes. Il attendit un moment, presque comme s'il avait peur de sa réaction, mais lorsqu'il vit qu'elle n'avait aucune réaction particulière, ses lèvres s'y pressèrent un peu plus. Il attrapa sa lèvre inférieure entre les siennes, la mordillant délicatement pour lui signifier de lui laisser le passage libre, osant même y passer furtivement sa langue. Elle avait bon goût, il ne pouvait dénier. Et ses lèvres étaient douces. Ce qu'il cherchait à savoir en premier lieu concernait la chimie passant entre les deux jeunes gens. Il n'était pas terrible et elle ne l'était pas non plus. Ça n'avait rien à voir avec une quelconque attirance poussée ou réciproque, c'était tout simple et scientifique, et alors que ses yeux se fermaient pour profiter du baiser un peu mieux, sa main se glissa sous la veste de la jeune femme, ses doigts frôlant à peine sa peau et se glissant jusqu'à sa nuque. Il attrapa délicatement ses cheveux entre ses doigts dans l'intention d'approfondir le baiser, attendant patiemment qu'elle lui donne le feu vert.

Ses yeux grands ouverts ne lui permettaient plus de voir grand chose, le visage de son vis-à-vis étant bien trop près pour qu'elle ne puisse discerner correctement ses traits. Elle ne s'était pas attendue à ça, ou du moins pas si vite, pas par surprise comme ça. Mais visiblement les intentions du jeune homme étaient claires comme de l'eau de roche; déterminer si elle était vraiment hétérosexuelle en utilisant son propre corps comme sujet d'expérience, ou quelque chose dans ce genre. Elle ne pouvait pas s'en plaindre, mais elle ne savait pas si c'était une bonne idée de le laisser faire aussi facilement... mais comment protester face à ces avances franches et sans exagération? Ce n'était pas comme si elle n'avait jamais posé les yeux sur lui sans y penser, et même si elle gardait ses pensées en laisse la plupart du temps, elle ne pouvait pas toujours les contrôler parfaitement.

Elle comprit rapidement le message lorsque sa langue effleura ses lèvres, pur tentation, et les doigts sur sa nuque, presque rassurants, la guidèrent un peu plus sur ce chemin. Profitant de la douceur du baiser et de la proximité du corps devant elle, elle ne pût qu'accepter la demande silencieuse et entrouvrir les lèvres, son souffle s'entremêlant au sien alors qu'elle le laissait approfondir le baiser sans rechigner, tout au contraire. Elle n'avait jamais réellement osé souhaiter que tout ceci arrive, mais maintenant que ça arrivait, elle n'allait certainement pas laisser sa chance passer, aussi courte et limitée soit-elle. Et puis, que pouvait-elle en retirer de négatif? Absolument rien, elle en était pratiquement certaine. Et qui savait de toute façon, où tout ceci allait mener à la fin. Elle pouvait bien croire qu'après le baiser tout allait être finit, ou bien espérer qu'il ne décide de pousser le test un peu plus loin, même si elle ne voulait pas trop se laisser aller. Elle ne voulait quand même pas mettre à mal leur relation alors qu'elle était si simple et agréable. Le seul problème la titillant, c'était cette réalisation, cette compréhension de la situation, alors qu'elle remarquait enfin que non seulement il avait décidé de s'auto-démontrer qu'elle était bien aux hommes, il était aussi en train de lui prouver que lui-même n'était visiblement pas aux hommes.

» there's a stranger in my head.
» There is a voice in my head - UC
» Mogsoli, the voice in your head
» Choi Aaron - My Head hurts
» [TERMINE] Choi Aaron - My head hurts

there's a stranger in my bed, there's a pounding in my head

there's a stranger in my bed, there's a pounding in my head

Sujets similaires

Sujets similaires