Une journée de cours comme une autre. Le matin cours tout ce qui a de plus banal comme les maths, l’anglais ou encore le coréen. Ce que je préfère c’est les cours de l’après-midi. Comme je fais sport-étude : équitation, toute mon après-midi est consacrée à ce sport. Bien sûr, je ne me borne pas à monter à cheval, je dois aussi m’en occupé et comme je possède mon propre animal toutes les tâches d’entretient me reviennent. Ce qui me prend facilement une grosse partie de l’après-midi. Alors qu’en réalité le cours ne dure qu’une heure et demie, voire deux heures grand maximum. Je m’arrange toujours pour squatter le box de Dawn le plus longtemps possible, comme ça quand je vais dans le vestiaire pour me changer, il est vide. Je préfère me changer sans personne autour. Ce n’est pas par pudeur ou timidité, mais disons que comme tout le monde j’ai des choses à cacher. L’université de Dongguk est très grande et propose des filières toutes aussi différentes les unes que les autres. Derrière le gymnase il y a quelques box, ainsi que des structures adéquates à la pratique de l’équitation. C’est ici, que reste Dawn. Je n’ai nulle part d’autre où le laisser, je vis en appartement donc c’est un peu compliqué. Dernière vérification pour voir si tout est ordre et je prends le chemin des vestiaires.

Comme je l’avais pensé il sont vide. Je commence tranquillement à troquer ma tenue d’équitation, contre des vêtements un peu plus passe-partout. Une voix m’interpelle alors que je range mes dernières affaires dans mon sac. Je n’ai pas vraiment eu de mal à reconnaître cette voix, mais je suis quand même surpris de voir Young Sun ici. Je fronce un peu les sourcils.

Mais l’évidence s’impose à moi. Si j’ai gardé contact avec lui, c’est parce que certaines choses dans un sens nous liait. S’il est-là c’est sûrement à cause de son frère … À moins que pour une fois non, ce ne soit pas le cas. Je me risque quand même à lui demander :

Spoiler:

Une fois la porte ouverte, une petite moue s’était formée sur le visage de Youngsun en n’apercevant personne dans les vestiaires. Pourtant, cette fille lui avait dit que Gabriel s’y trouvait puisque les boxes pour chevaux étaient à présent vides d’humains. Une voix, celle de son ami s’éleva et eut pour conséquence de lui faire perdre sa moue au profit d’un sourire rassuré. Sans attendre, il pénétra dans la pièce et le trouva sac en main dans un coin, visiblement prêt à partir. Autant dire qu’il avait eu chaud parce qu’à quelques minutes près il aurait pu lui passer à côtés et faire perdre encore plus de temps. Le jeune coiffeur bien trop heureux de l’avoir trouvé ignora la remarque qui d’ordinaire aurait pu le vexer ; en quoi n’était-ce pas son genre de traîner à l’université ? Hey, il en avait tous les droits même s’il faisait déjà partit du monde du travail… non mais. Une fois à sa hauteur il l’entoura de ses deux bras et vint coller son visage contre les clavicules de ce dernier, une légère inspiration et il se sentit entouré par le parfum rassurant de son ami ce qui l’emplit d’un sentiment de confort et protection – qu’il savait factice mais – appréciable. La question qu’il avait l’habitude d’entendre dès qu’il venait solliciter la présence de l’étudiant ne tarda pas à se faire entendre et il ne voyait pas l’intérêt de cacher que c’était le cas ; il hocha la tête avant de raffermir son emprise autour de la taille de ce dernier.

« C’est Youngwun, il ne s’est pas opposé à elle cette fois encore et… »

Un tremblement. Finalement, il valait peut-être mieux pour lui de simplement lui montrer plutôt que de se torturer à mettre des mots sur ce qu’il s’était passé. Avec lenteur, il souleva son haut d’une main. Ce qu’il dévoilait à son ami était une collection de bandages aux alentours de son nombril, certains même ensanglantés.

« Je ne voulais pas aller voir un médecin, il poserait tout un tas de questions et je n’ai pas très envie d’expliquer une fois encore que j’ai un frère qui ne se contrôle pas. »

Un rire, nerveux et certainement un peu blessé lui échappa alors qu’il baissait les yeux, comme pour ne pas affronter la réalité. Est-ce que tout le monde se fait menacer d’un couteau au moins une fois par mois lors d’une visite à la famille ?

Sans un mot il s’approche de moi et entoure ma taille de ses bras. Ce qui confirme toute mes théories. Il y a bien quelque chose qui ne tourne pas rond. Je sais ce que le frère de Young Sun lui fait subir à cause de Mogsoli. Ça ne fait qu’accentuer mon aversion pour cette voix, même si dans un sens elle n’a jamais été directement malveillante envers moi. Ce que mon frère m’a raconté et ce que subit Young Sun, sont des raisons suffisantes je pense. Je passe mes mains dans son dos, comme pour lui montrer mon soutient, comme je fais à chaque fois. Même si ce n’est plus pareil qu’avant, j’éprouve toujours une certaine affection envers Young Sun, ce qui m’incite à être là pour lui. Young Sun resserre son emprise, tout en tentant de m’expliquer ce qui s’est passé plus tôt, mais il s’arrête en pleins milieu de sa phrase avec un tremblement. Cette fois-ci c’est moi qui resserre mon étreinte et je n’arrive pas à retenir un :


Mon frère était aussi au stade trois, mais jamais il n’a été violent envers moi ou ma famille. Parfois il perdait le contrôle, mais il essayait toujours de nous protéger du mieux qu’il pouvait. Young Sun se recule un peu et soulève son haut. J’ai l’habitude qu’il vienne me voir quand son frère se montre violent avec lui, mais à chaque fois je ne peux retenir une moue surprise face à ce que je vois. Je voudrais pouvoir dire quelque chose, mais quoi ? Peu importe ce que je dirais ce ne sont que des mots … Ce n’est rien comparé à ce qu’il subit.


Dis-je à son intention, comme une mère qui se ferait du souci. Mais j’imagine que ce n’est pas en lui remontant les bretelles qu’il ira mieux. Il a juste besoin de de soutiens, pas d’une leçon de moral. Je lui adresse un regard désolé pour les quelques mots que je viens de prononcer. Je le prends par le poignet.

Youngsun n’était pas surpris d’entendre son ami l’interroger sur ce que son aîné lui avait fait – sans oublier d’ajouter le « encore » significatif –, c’est pour cette raison qu’il s’était permis de le lui confier immédiatement. Il pensait que plus rien ne devait le choquer à présent, vu tout ce qu’il lui avait déjà confié sur son enfance de martyrisé, pourtant à chaque fois il avait le droit à la même moue surprise. Et cette expression le mettait mal à l’aise ; à qui d’autre pouvait-il bien se confier ? Certainement pas à Lukas bien qu’il soit devenu en peu de temps son ami le plus proche, ce dernier ne comprendrait rien à cette histoire avec mogsoli et probablement qu’il le forcerait à se rendre à l’hôpital. Gabriel était différent, il en eut la confirmation une fois encore en l’écoutant plus s’inquiéter sur le fait qu’il se soit bien désinfecté ou douloureux plutôt que celui de le pousser à se rendre dans un cabinet médical. Pour cette raison, le jeune coiffeur émit un petit rire qui s’amplifia en croisant le regard désolé face à lui et lui permit de répondre sans le moindre tremblement et d’un air détaché.

« Ça m’a fait mal sur le coup, mais une fois désinfecté ça allait mieux. Même si certaines plaies n’ont pas cessé de saigner. »

Et afin d’appuyer ses paroles, il désigna du doigt le pansement le plus ensanglanté. Il était conscient que le changer aurait été plus hygiénique mais là il ne pouvait pas, il n’avait pas le matériel pour et surtout il se passerait bien d’en revoir la profondeur. Une fois son tee-shirt argenté lâché et retombé sur son ventre, il se laissa saisir par le poignet. La proposition de son aîné lui fit plaisir ; puisqu’il avait la journée entière – initialement prévue pour être passée avec sa famille – de libre, il pouvait en profiter pour sortir sans se soucier de l’heure. C’était bien plus agréable que les après-midi shopping dictés par ses horaires.

« Avec plaisir ! Est-ce qu’il y a quelque chose que tu as envie de faire en particulier ? » Questionna-t-il en le suivant hors des vestiaires puis de l’enceinte sportive, il était tout de même soucieux de ses désirs.

J’aurais pu l’obliger à quand même aller voir un médecin, mais il n’en a pas envie, alors je n’insiste pas. Il ne veux pas expliquer à une tierce personne ce que son frère lui fait subir et dans un sens je comprends. Même si c’est totalement différent, je n’aime pas non plus parler de mon frère. Je pourrais penser que Young Sun a de la chance que son frère soit encore vivant, alors que le miens non, mais jamais ça ne m’a traversé l’esprit. Vu ce qu’il lui fait subir je doute que ce soit une chance … Young Sun m’explique calmement et d’un air détaché que sur le coup il a eu mal puis qu’après ça allait. Je décide de ne plus parler de cet accident. À la place de Young Sun je voudrais juste oublier quelques instants, même si la réalité ne tarderait pas à me rattraper. Alors je lui demande d’aller faire un tour en ville, tout en mettant mon sac sur mon épaule et en l’entrainant par le poignet.


En sortant je jette un dernier coup d’œil vers le chemin qui mène aux box des chevaux. En temps normal, j’aurais passé encore une bonne heure en compagnie des équidés, enfermé dans le box de Dawn ou alors à déambuler dans les écuries, voir même donner un coup de main au palefrenier qui s’occupe d’eux, mais là j’ai plus important à faire. Remonter le moral à Young Sun, je ne vais quand même pas le laisser seul, je tiens encore à lui, même si les choses ne sont plus pareilles à présent. Est-ce que quelques choses me feraient envie ?


Mon ventre gargouille depuis tout à l’heure, je ne refuserais pas quelque chose à grignoter, vraiment. Alors que nous sortons de l’enceinte sportive, je remarque que je tiens encore le poignet de Young Sun entre mes doigts, je le lâche et laisse pendre mon bras le long de mon corps. La sortie de l’université ne devrait plus être très loin. N’empêche que c’est un vrai labyrinthe cette école … Pleins de filière c’est bien, mais ça veut dire aussi beaucoup de bâtiments, de chemins, de raccourcis et il est facile de se perdre, quand on a pas l’habitude et encore …

Un sourire amusé se dessine sur mes lèvres quand il répond à ma mise en garde. Je ne sais pas s’il a vraiment l’intention d’aller chez le médecin si ça ne s’arrange pas, mais bon, je ne suis pas sa mère près tout. Je me fais juste un peu de soucis pour lui. Nous traversons toute l’université et contre tout attentes c’est Young Sun qui trouve le chemin de la sortie, pendant qu’il était en train de dire que son ventre grognait rien qu’à parler de manger. Alors que je suis censé venir étudier ici, presque tous les jours. Allez comprendre la logique dans tout ça. C’est moi qui ai proposé d’aller manger quelque chose, ce qui en soit est presqu’un miracle. Moi et la nourriture, ça fait deux d’habitude. Je me contente toujours du strict nécessaire vital. Je n’ai aucun problème avec la nourriture, je ne suis pas anorexique, ni rien de tout ça, contrairement à certaine remarque que l’on me fait parfois. J’ai juste un appétit de moineau.

Il a l’air enthousiaste en tout cas. Je préfère le voir comme ça honnêtement. Il ne laisse pas le choix, que de le laisser décider de l’endroit où nous allons manger et ce que nous allons manger. Je ne m’oppose pas à cette décision.


Puis Young Sun me prend le bras pour m’entrainer à sa suite. Geste à ne pas faire. J’essaie de me retenir de le repousser. Je n’aime pas que quelqu’un me tienne par le bras. Pourquoi ? Parce que d’une ça me fait mal et de deux je ne veux pas qu’on sache ce que je fais subir à mes bras. Même si ce n’est pas rien qu’en me touchant qu’on pourra le savoir, c’est plus fort que moi. Comme un geste de défense. Je me crispe un peu, mais je le laisse tout de même faire, en prenant sur moi. Je le laisse aussi me trainer dans le restaurant, bien content qu’il desserre son étreinte sur mon bras.


Bah oui, il a bien dit qu’il choisirait ce que nous mangerons. Alors … N’empêche que je me demande comment il fait pour être aussi joyeux et enthousiaste après ce qu’il vient de se passer. À moins qu’il soit comme moi. Qu’il se cache derrière une fausse joie de vivre, pour faire croire que tout va bien, alors que dans le fond … Tout va mal.

Il est vrai que Youngsun aurait dû être surpris par la proposition de Gabriel en connaissant son petit appétit mais cela n’avait pas été le cas pour la simple et bonne raison qu’il pensait que la proposition venait surtout du fait qu’il cherchait à lui remonter le moral – il l’avait pensé lui aussi une fois ou deux que peut-être son ami était anorexique. Un sentiment de joie et de fierté qui frôlait de peu la stupidité le gagna en l’entendant dire qu’il lui faisait confiance. Le jeune homme avait toujours été friand de compliments et il semblait que ce n’était pas prêt de changer, même pour les choses aussi futiles qu’un choix de restaurant. Avoir la confiance de quelqu’un signifiait beaucoup.

Sincèrement, la réticence de Gabriel à se faire saisir par le bras ne lui avait pas échappée ; Il était la victime d’une crispation plus qu’évidente qui poussa le jeune coiffeur à s’interroger mais aussi à se faire plus attentif à l’avenir parce qu’il doutait que cela soit lié à leur ancienne relation. Non, il y avait forcément autre chose. Il aurait pu en parler sur le chemin, c’est vrai que son côté franc était susceptible de l’y pousser mais pour cette fois il jugea que ce n’était pas la stratégie la plus adéquate ; il risquait juste de le faire se braquer et certainement le perdre de vue, aussi. Malgré le malaise évident, il ne le lâcha pas avant l’arrivée au restaurant et y pénétra juste après avoir poussé son aîné à l’intérieur. A la question que ce dernier lui posa une fois installé il ne répondit rien mais leva le bras en se tournant vers la femme d’âge mûr qui se trouvait être la gérante, – qu’il connaissait plutôt bien désormais, à force de venir – puis il s’exclama sans retenue. « Ajumma ! Un ‘bulgogi-tteokbokki’! » La femme acquiesça et disparu à la cuisine dans la seconde, ce qui fit sourire Youngsun. « Elle m’aime bien, l’autre jour je suis venu manger seul et elle m’a nourri d’un festin, comme si j’étais de la famille ! Au passage, tu vas voir que c’est le meilleur qu’il est donné de manger sur Séoul. »

Il ne restait en effet que de l’enthousiasme et plus une once de crainte sur son visage alors qu’intérieurement, il n’était qu’un fouillis de mauvaises sensations et d’appréhension d’où la même question émergeait sans cesse. « Qu’ai-je donc fait à mogsoli pour qu’elle me déteste autant ? »

Je suis Young Sun jusqu’à l’intérieur du restaurant ou plutôt il me pousse à l’intérieur, mais je ne m’y oppose pas, bien trop heureux qu’il me lâche enfin le bras. Nous nous installons à une table pour deux personnes. Il demande un « bulgogi-tteokbokki », sans attendre que quelqu’un viennes prendre notre commande. Young Sun m’explique par la suite que cette vieille dame l’aime bien et aussi que ici, le « bulgogi-tteokbokki » est le meilleur de tout Séoul. Je lui fais confiance et tout ça me donne encore plus envie d’y goûter. Young Sun a l’air plus souriant que quand il est venu me trouver à l’université … Je ne sais pas s’il a juste l’air, mais en tout je compte bien continuer d’essayer de lui changer les idées. Mais un silence s’installe et persiste alors je décide de le briser en posant une question … Banale, qui changera peut-être un peu l’atmosphère.


Oui, bon reparler de l’accident avec son frère n’est peut-être pas très judicieux de ma part. Aish ! quel boulet je fais … Je voulais détendre l’atmosphère pas l’empirer. J’essaie de me rattraper, car je m’en veux un peu de ramener ça sur le tapis –même si au départ ce n’était pas volontaire.

Entre temps un serveur vient nous apporter le plat commandé par Young Sun. J’avoue que l’odeur qui parviens jusqu’à nous m’ouvre l’appétit. Alors nous commençons à manger avec bon appétit, enfin pour ma part en tout cas.

Bien que ce plat soit vraiment très bon, mais comme d’habitude je finis vite par ne plus avoir faim et ce même si je n’ai pas mangé beaucoup de nourriture. À croire que mon estomac n’est pas normal, mais il a vite fait de me faire comprendre que stop c’est bon il en assez eu pour le moment.

Youngsun n’était vraiment du genre à se sentir mal à l’aise lorsque persistait un silence, ou du moins pas avec quelqu’un comme Gabriel qu’il connaissait depuis des années et à qui il faisait confiance. Même au travail, alors que les coiffeurs sont connus pour être bavards (parfois peut-être trop), lui savait rester silencieux ; et encore plus lorsque c’était écrit sur la tête du client qu’il avait plutôt intérêt. Pour certains de ses collègues cela relevait de la mission impossible et lorsqu’il leur demandait la raison, elle variait d’une personne à l’autre mais le plus souvent c’était le fait du malaise et de la tension qu’ils percevaient dans l’absence de paroles. De ce fait, entendre à nouveau la voix de son ami ne l’étonna pas, ni même qu’il se remet à parler de l’incident avec son frère aîné. Ce type de situation poussait à dire la première chose qui avait le malheur – ou pas – de vous traverser l’esprit ; il s’empressa de lui sourire et de pouffer à ce que Gabriel ajoutait.
« Oh oui, forcément il s’est passé un tas de choses plutôt sympa, mais puisque tu me tends la perche, je devrais en profiter… » Il marqua une courte pause afin d’être certain que le suspense aura eu le temps de piquer la curiosité de son aîné et ainsi donner plus d’effet à ses mots.
« Tu sais que ça fait plus d’un mois qu’on ne s’était pas vu ? Déjà la dernière fois c’est moi qui avais lancée l’invitation, et aujourd’hui encore je suis celui qui est venu te trouver. »
Bien sûr, il n’était pas en colère ni totalement sérieux, cela ne le dérangeait pas d’entretenir leur amitié mais le jeune homme serait heureux que de temps en temps, son aîné prenne l’initiative. Afin de mieux faire passer ce qui pourrait passer pour un reproche, il fit une moue mignonne. « Moi aussi, je suis curieux de ce qu’il se passe dans ta vie et soucieux de ton bien-être. » Continua-t-il, plus simplement avant de remercier le serveur qui venait d’apporter le plat.

Ni d’une, ni de deux, Youngsun saisit ses baguettes et se lança dans la dégustation qui le fit presque gémir dès la première bouchée. Il n’y avait pas à dire, manger était un véritable plaisir et pour une fois, cela avait semblé être le cas pour Gabriel aussi, bien qu’il se contenta d’un strict minimum aussi.
« Bien, alors ne te prive pas et retournons manger ensemble un de ces quatre ! »
Après s’être emparé d’un énième ‘tteok’ – et bien décidé à terminer le plat tout seul – il questionna la bouche pleine. « Est-ce que par hasard, tu as un nouveau petit ami ? »

Je déteste ce silence qui s’installe, il me met mal à l’aise. Ce n’est pas à cause de Young Sun, peu importe avec qui je suis, je n’aime pas ces silences pesants. Alors je m’empresse de le briser, même si j’aurais pu trouver plus intelligent à dire. J’essaie de me rattraper, mais ça ne change rien. Young Sun sourit et rigole légèrement. Honnêtement, même si c’est pour se moquer de moi, je préfère qu’il réagisse comme ça. Je ne veux pas lui rappeler de mauvais souvenirs de ce qu'il s’est passé quelques instants plus tôt avec son frère ainé. C’est à mon tour de sourire quand il me dit que oui, il s’est passé des choses plus joyeuses. Je ne fais pas semblant quand je m’inquiète pour lui et ce que son frère lui fait subir ou quand je me soucis de son bien-être. Je suis sincère. Si jamais il allait mal, je ferais mon possible pour lui remonter le moral, comme j’essaie de le faire à l’instant. Je fais ça avec un peu tout le monde, car je n’aime pas voir les gens tristes, mais Young Sun c’est différent. Je ne sais pas si c’est dû au fait que nous avons été plus que des amis à une époque, mais je tiens à lui et j’ai envie de prendre soins de lui, un peu comme si … Il était mon petit frère. Il s’arrête dans sa phrase et je suis curieux de ce qu’il va ajouter. D’un ton faussement vexé je rétorque.


Il est vrai que je ne suis pas du genre à aller vers les autres pour parler, enfin non c'est faux, je ne suis pas du genre à aller e confier, c'est plus juste. J’écoute, mais je parle peu de moi. Surtout des choses qui me tracassent le plus. Je me contente de sourire quand il ajoute que, nous pourrons manger ensemble plus souvent. Young Sun mange sans s’arrêter, même quand il parle, alors que moi j’ai déjà posé mes baguettes.


Je me retiens de lui dire que je ne m’intéresse plus à l’amour, car c’est prendre le risque de souffrir et je trouve que je souffre déjà assez comme ça. L’amour je verrais ça plus tard … Pour le moment je ne veux plus m’engager avec quelqu’un.

La réaction de Young Sun me fait rire, je disais ça pour rigoler, mais il l’a pris au sérieux. Je trouve ça rigolo. Alors un grand sourire se dessine sur mes lèvres. Trop pris par les cours ? Si seulement il ne pouvait y avoir que les cours comme problèmes dans ma vie. Même si c’est vrai ça me prend pas mal de mon temps … Ce n’est pas les cours qui m’empêche de me trouver un copain. Je n’ai juste pas envie de m’attacher à quelqu’un. Pas pour l’instant, plus tard peut-être … Les attaches quand ç se rompt fait mal et je ne veux pas de ça.


Avouais-je à Young Sun avec sincérité. Ce que je lui dis-là est réellement ce que je pense. Je tiens les relations amoureuses à distance respectable pour le moment. Peu importe si ça l’amène à me poser certaines questions, curieux comme il est. Ce n’est pas comme si je n’avais pas confiance en lui. Mais j’ai toujours eu cette manie d’écouter les autres, sans parler de moi. J’essaie de me faire très discret sur ce que je ressens, ce que j’endure, mes problèmes et ma vie ne général. De son côté aussi, rien de nouveau côté cœur, juste quelques aventures, ce qui me tire un sourire. Je ne me permets pas de juger Young Sun de garçon facile, car parfois pour moi c’est pareil, juste des aventures, alors … J’hoche la tête positivement quand il me propose une bière. En repensant à la cuite que je me suis prise il y quelque jour et où May m’a retrouvé dans un sale état. Enfin bon, ce n’est qu’une bière je n’ai pas l’intention de recommencer.

J’ouvre la canette en prenant soins qu’elle ne m’explose pas à la figure et je commence à boire. Un client de Young Sun le prend pour son esclave ? Je fronce un peu les sourcils.


Dans le même cas, moi j’aurais gentiment –ou pas- dit à cette personne d’aller se faire … D’aller voir ailleurs si j’y suis. Je ne supporte pas d’être un jouet qui exécute sans broncher.

Youngsun comprit immédiatement que Gabriel allait se montrer sincère dans sa réponse rien qu’à l’expression de son visage et la franchise qu’exprimait son regard. La curiosité, quel vilain défaut, elle vous saute au visage et vous tiraille jusqu’à ce que vous lâchiez le mot fatidique. Le pourquoi qui vous paraît à vous-même tellement déplacé. Le jeune coiffeur venait de faire une inversion mentale des rôles qui le persuada de ne pas chercher à creuser la carapace mystérieuse de son aîné qui ne s’était jamais trop exprimé. Il était tout à fait en droit de ne pas vouloir détailler sa décision, peut-être sa dernière relation sérieuse l’avait-elle blessé ? Il en savait un rayon sur les cicatrices que peuvent laisser les relations amoureuses. Ils avaient donc là un autre point commun. C’est d’un simple hochement de tête qu’il clôtura le sujet non sans remarquer le sourire qui s’était formé sur les lèvres face à lui lors de l’énonciation du mot « aventures ».

Une fois leurs bières arrivées, alors que lui s’était empressé de l’ouvrir afin d’en prendre une gorgée, il remarqua la façon de faire de son ami qui lui arracha un sourire légèrement moqueur. C’était mignon cette peur de s’éclabousser. Cependant, il pouvait très bien le comprendre ; la dernière fois que ça lui était arrivé, la bière s’était imprégnée de façon permanente dans son beau slim blanc si bien qu’il avait pleuré plus de vingt minutes seul contre la machine à laver. Les sourcils froncés, Gabriel le questionna ensuite sur ce que le jeune coiffeur venait de lui révéler, comme s’il avait du mal à y croire – et il ne serait certainement pas le seul –. « Je te jure que c’est vrai ! » Dit-il pour lui confirmer qu’il avait bien entendu.

Youngsun bu une nouvelle gorgée puis leva les yeux au plafond qu’il fixa, visiblement perdu dans une profonde réflexion. « Je ne peux pas lui dire ça, c’est un mannequin d’une bonne agence qui est partenaire avec le salon où je travaille… sinon je ne me serais pas gêné! » Il rit à nouveau avec innocence avant de continuer. « Je crois qu’il n’a pas apprécié la fois où j’ai glissé et me suis retrouvé sur lui, nos lèvres en contact. Depuis, il veut que je recommence sans cesse le brushing ou le maquillage. Je pense que c’est une vengeance.» Suite à quoi, il soupira.

Je ne donne pas plus de détails concernant mes paroles. D’ailleurs connaissant Young Sun ça m’étonne qu’il ne pose pas plus de question, mais je ne serais pas surpris qu’il me connaisse assez pour savoir que je me fais toujours discret sur ce qui me concerne, alors il juge peut-être préférable de ne rien dire ou demander de plus.

Il me raconte comment un client du salon où il travaille, lui mène la vie dure. Je ne peux retenir un sourire amusé quand il me raconte leur rencontre assez … Peu habituelle. Mais il ne peut pas envoyer bouler ce client, comme il le voudrait.


Moi et mes conseils pourris … Vraiment on fait la paire. J’imagine bien que Young Sun a déjà eu cette idée … Enfin je suppose, mais si ce client a autant d’influence qu’il me le dit ... Une fraction de seconde je me sens un peu … Mal vis-à-vis de Young Sun, lui qui me confit toujours certaines choses, surtout à propos de son frère. Il me prouve qu’il me fait confiance. Mais moi … j’ai beau lui répété que je lui fais confiance, est-ce que je me suis juste une seule fois confié à lui sincèrement ? Non. Je me fais toujours trop discret sur ce qui me concerne. Je ne veux pas parler, je ne peux pas parler. Je bois une nouvelle gorgée de ma bière, comme pour noyer toute ces pensées.


Je ponctue ma phrase d’un petit rire faux et moqueur envers moi-même. J’en suis réduit à raconter mes déboires, qui ne doivent pas intéresser beaucoup Young Sun. Enfin bon, ce n’est pas comme si c’était la première fois que je buvais autant, je parie qu’il ne sera pas même surpris … Je ne vois pas pourquoi je lui ai raconté ça. C’est juste sorti comme ça pour combler le silence. Même si ça n’avait sûrement rien à faire ici.

« En parler à quelqu’un qui pourrait faire quelque chose ? » Répéta Youngsun tout en affichant un air pensif. Oui. Pourquoi pas, cela pourrait marcher. Il hocha la tête, tout en continuant de réfléchir au collègue susceptible de convenir.. La réponse lui vint rapidement ; personne ne pouvait correspondre au profil outre le propriétaire du salon lui-même et bien qu’il entretienne une bonne relation avec ce dernier, il avait des doutes quant à son accord de lui venir en aide. Il devait s’avouer vaincu et se montrer moins maladroit désormais, jouer à l’esclave des temps modernes lui servirait de leçon. « L’idée était bonne mais je pense que je vais juste devoir supporter cela jusqu’à ce qu’il se lasse. » Finit-il par conclure, permettant ainsi à un nouveau silence de s’installer tout en ayant conscience que Gabriel allait être de nouveau mal à l’aise. Le jeune coiffeur bu machinalement une nouvelle gorgée de bière – il faut dire que de voir son ami le faire face à lui, lui indiqua inconsciemment de l’imiter – tout en réfléchissant à un sujet à aborder rapidement.

Cette fois encore, c’est sans surprise qu’il ne fut pas le premier à saisir l’occasion de le faire. La réelle surprise était bien entendu le fait que Gabriel combla le vide de conversation en se parlant de lui-même. Un léger frisson le parcouru à l’audition du prénom « May-Lee » parce qu’il n’en connaissait qu’une seule, et il ne faisait aucun doute qu’il s’agissait de la même ; la petite amie de son meilleur ami, Lukas. Depuis quand est-ce que May-Lee et Gabriel se fréquentaient-ils ? Il n’en avait aucune idée, mais certainement que son ami ignorait – comme tout le monde sauf lui – que la jeune femme souffrait déjà des effets du troisième stade de mogsoli. Youngsun resta silencieux sur ce sujet et sur le fait même qu’il la connaissait. Il se contenta de fixer son aîné plusieurs secondes puis se laissa (enfin) submerger par la curiosité – ainsi que de savoir que ce dernier se soûlait encore le faisait se sentir concerné – et questionna. « Pourquoi est-ce que tu as été jusque la cuite ? Tu ne connais plus tes limites ? » Il força un rire pour mieux faire passer la chose, avec une pointe de taquinerie, alors que son regard restait sérieux. « Comme tu l’as dit, heureusement que ton amie était là ! »

Young Sun répète ma phrase, le regard pensif. Oui, mon conseil est peut-être stupide ou à déjà été pensé, mais je n’ai pas vraiment réfléchis à mes paroles … D’après lui l’idée était bonne, mais il devra faire avec. J’hausse légèrement les épaules, comme il veut. Personnellement, ça m’agacerais et je crois que je lui aurais déjà dis ses quatre vérités. M’enfin bon, si c’est un client important, c’est délicat. Mon côté impulsif me force sans doute à penser comme cela.

Puis j’en viens à parler de ce soir où May Lee m’a ramené chez moi, car je n’étais vraiment pas en état de le faire seul. Faut dire que j’avais un peu –beaucoup- abusé ce soir-là. Comme si c’était la première fois … Ce n’était pas la première et sûrement pas la dernière. Je ris légèrement à la remarque de Young Sun. Mes limites ? Si je sais où elles sont …


Avouais-je à Young Sun avec sincérité -une sincérité qui me fait presque peur à moi-même. Comme un jeu avec moi-même. Je sais où je dois m’arrêter et parfois je le fais, je me stop quand il faut, mais d’autre … Je continue, jusqu’à être à peine capable de mettre un pied devant l’autre et ne plus avoir une seule pensées cohérentes ou presque. Au final c’est ça que je cherche. Mettre le foutoir dans ma tête et oublier le temps d’une nuit ce que j’aurais envie d’oublier pour le restant de ma vie. Quand c’est le brouillard dans mon esprit, je ne fais plus attention à ce qui fait mal. Je voulais à la base combler le silence, mais pour ça j’aurais pu prendre un sujet banal et inintéressant, pas parler de moi. Je soupire. C’est vraiment stupide et immature de me comporter ainsi, mais c’est comme ça …

- Enfin bon, on ne va pas s’étaler sur le sujet …

Dis-je comme pour clore le sujet, c’est déjà assez surprenant que je parle de moi aussi aisément à quelqu’un d’autre que Jae Hyuk … Autant ne pas s’y attarder à part si Young Sun fait preuve d’un peu trop de curiosité.

Alors il s’agissait en fait d’une sorte de défi aux yeux de Gabriel ? Youngsun avait conscience qu’une bonne partie des êtres humains cherchaient toujours à dépasser les limites et ce dans beaucoup de domaines – surtout sportif il faut avouer – mais l’alcool ? Qu’y avait-il de glorieux à s’enivrer jusqu’au point d’être malade ? Il ne voyait pas, outre le fait d’échapper à ses fantômes. Tout le monde l’avait fait au moins une fois, noyer son mal être dans l’alcool, oui lui aussi seulement le lendemain n’avait été que plus douloureux. Au moins, il s’était montré une fois de plus sincère et le jeune coiffeur ne pouvait être que reconnaissant face à une nouvelle preuve de la confiance qu’il lui inspirait. « Tu veux dépasser tes limites parce que tu as une âme de sportif, je l’ai bien compris mais l’alcool peut être dangereux. » Dit-il finalement, avec à son tour un léger haussement d’épaules tout en restant sérieux. Jamais il n’avait eu l’intention de jouer à la maman poule tout comme Gaby ne se l’était pas vraiment permis un peu plus tôt, il pensait juste que cela devait être dit. Et si un jour il venait à être devancé par les effets ? S’il faisait un coma éthylique ? Jamais Youngsun ne se le pardonnerait, même si son ami finissait par s’en sortir.
Lorsqu’il essaya de changer le sujet, lui fronça son nez en terminant sa canette. « Pourquoi est-ce que l’on ne s’étalerait pas ? » Questionna-t-il gentiment avant d’ajouter. « J’aime bien parler de toi. Lorsque l’on se rencontre, c’est toujours moi qui parle ! J’ai l’impression d’être une pipelette et parfois je me demande même si cela ne te gonfle pas ? Tu es gentil Gab’, et je t’en remercie, mais tu mérites que je t’écoute aussi. » Youngsun se mordit alors volontairement la langue, il avait peur de trop parler, peur de l’effrayer. Les mots s’étaient mis à sortir tous seuls sans prendre la peine de venir vérifier la cohérence des phrases qu’ils formaient. Dans un laps de temps très court, son cerveau bouillonna afin de conclure son dilemme intérieur ; lui parler de ce qu’il lui faisait ressentir, de la détresse qu’il semblait avoir, ou pas. Identiquement à ce qu’il venait de se passer, ses lèvres tranchèrent pour lui. « T’as l’air mal, tu te confies à quelqu’un au moins ? »

Je me suis dit parfois que c’était la dernière fois que je me soulais de la sorte, mais je n’ai jamais tenu cette résolution. J’hausse de nouveau légèrement les épaules. Il n’a pas tort, j’en suis conscient de ce danger, visiblement pas assez pour avoir peur de ce qui pourrait m’arriver. Je sais qu’il a raison, alors je ne fais aucun commentaire. J’essaie de changer de sujet, mais il ne semble pas de cet avis et il continue. Je me retiens de lui répondre un « parce que » un peu trop agressif. Et bien moi je n’aime pas parler de moi, alors le problème sera vite régler. Je n’aime pas m’attarder sur mes problèmes, je ne veux pas passer mon temps à me plaindre et à afficher mes faiblesses, alors je passe tout sous silence. Un petit sourire moqueur se dessine sur mes lèvres.


C’est vrai. Si j’écoute Young Sun c’est parce que je le veux bien. Prêter une oreille attentive à qui en aurait besoin ne me dérange absolument pas au contraire, si ça peut aider … Mais parler de moi c’est une autre affaire. J’ai l’air mal ? Je n’aime pas avoir l’air d’aller mal devant les autres, c’est pour ça que je me cache derrière mon sourire. Peut-être que comme Jae Hyuk, Young Sun me connait trop bien pour que j’essaie de me cacher derrière ce sourire. Après tout c’est possible, nous avons passé beaucoup de temps ensemble … Avant.


Je me souviens du moment où Jae Hyuk a découvert mes blessures et ce que je lui ai dit ensuite. C’est comme un cercle vicieux, c’est plus fort que moi je n’arrive pas à m’arrêter. Alors m’en sortir seul … Mais je ne veux de l’aide de personne. Personne ne doit être au courant à part Jae Hyuk … Et Joo Won mais ça c’est une autre histoire.

Franc. Ça oui je le suis. Je ne me laisse pas embêter par les autres et quand on m’agace je ne me gêne pas pour le faire remarquer. Je prêtes une oreille attentive à qui en a besoin, mais c’est d’autant plus vrai avec mes proches. Alors Young Sun pourrait très bien venir frapper à ma porte à trois heures du matin, je ne l’enverrais pas bouler. Indirectement, Young Sun vient de dire qu’il tient encore à moi, un sourire se dessine sur mes lèvres. C’est aussi le cas pour moi. Notre relation est différente de ce qu’elle a été par le passé, mais je tiens à lui, cependant ce n’est pas le genre de chose que j’exprime. Peu importe la personne que j’ai en face de moi, ce n’est pas uniquement vis-à-vis de Young Sun. Je me contente de laisser flotter ce sourire sur mes lèvres.

Je lui assure que tout va bien, qu’il n’a pas à s’inquiéter. Il répondit par un simple « Okay », je préfère qu’il ne pose aucune question supplémentaire. Je ne fais aucun geste pour l’empêcher de s’emparer de ma canette de bière et de la finir d’une traite, je n’ai pas non plus le temps de lui dire que je vais payer ma part, Young Sun est déjà parti. Il rigole avec la gérante, mais la nature de leur conversation ne m’intéresse pas réellement. Je suis plongé dans mes pensées et j’en sors à contre cœur quand Young Sun m’appelle.


Je me lève secouant légèrement la tête pour chasser mes dernières pensées et je rejoins Young Sun. Un rire s’échappe de mes lèvres quand il me raconte la raison de ces rires avec la gérante. Si seulement elle savait qu’il y a eu un temps où c’était vrai … L'air absent un peu de nostalgie traverse mon cœur, avant que je reprenne la parole comme si de rien était.


Je lui demande, car personnellement je ne sais pas où l’emmener. Je veux juste aller dans un endroit où il pourra se changer les idées, s’amuser, car c’est mon but depuis qu’il est venu me trouver à l’université.

Young Sun se permet un petit commentaire vis-à-vis de la gérante du restaurant d’où nous venions de sortir et le fait qu’elle se soit imaginé que lui et moi étions ensemble. Je ne peux m’empêcher de rire, autant à cause de l’imagination débordante de cette femme, mais aussi par la petite remarque de Young Sun.


Je commence à marcher pour couper court à tout ça et je lui demande ce qu’il voudrait faire pour changer complètement de sujet. Il semble aller mieux que tout à l’heure, plus le temps passe et plus j’ai l’impression d’avoir mené à bien ma mission de lui remonter le moral et lui redonner le sourire. Tant mieux. Je préfère le voir souriant et heureux, que complètement effondré à cause de ce que lui fait subi son frère qui est sous l’influence de cette foutue voix. Sauf que maintenant je ne sais pas où l’emmener … Il propose plusieurs choses à faire, de toute façon il doit nous rester pas mal de temps. Je serais bien partant pour un noraebang, c’est le genre d’endroit où j’aime bien aller. Je sursaute un peu quand Young Sun enfonce son index dans ma taille. Il ne m’a pas fait peur, mais ce n’est pas une réaction voulue. Étant très chatouilleux j’ai des reflexe bizarre parfois. Puis je relève la fin de sa phrase et je fais semblant d’être vexé …

Dis-je avant de sourire. Il est vrai que parfois j’abuse vraiment beaucoup, mais je sais me tenir, je ne suis pas un accros de la bouteille.


Demandais-je en me tournant vers-lui. Tant que ça lui fait plaisir et que ça lui change les idées, ça ne m’importe pas grand-chose. Et même s’il préfère une autre des activités qu’il a proposé.

Gabriel avait finalement rit aussi et c’était quelque chose d’agréable, cependant il n’y avait pas que cela d’agréable. Ce dernier venait aussi de faire un commentaire sur le fait qu’autrefois, ils avaient tous les deux formés un couple mais ce n’était pas la chose dont Youngsun était le plus fier non, il était content de pouvoir penser qu’il avait été son premier petit ami. Quelques instants plus tard, le sujet était clos et le jeune coiffeur s’empressa de venir agresser la taille de son ami à l’aide de son index par pur amusement. Et l’effet fût totalement celui qu’il avait escompté puisque le sursaut le fit lui-même sursauter avant d’exploser d’un rire cristallin, les réactions de Gabriel pouvaient être très drôles parfois – faut dire qu’il connaissait ses points faibles et donc son côté craignant les chatouilles. Comme précédemment, il lui fit un faux reproche qu’il comprit et ne se vexa pas à son tour. Non, Youngsun continuait à afficher un sourire authentique, emplit d’affection. « Non~ » Répondit-il simplement. « Ça ne veut absolument pas dire ça ! » Mais le ton de sa voix exprimait de la taquinerie.

Puis la conversation se porta à nouveau sur les propositions qu’il lui avait faite. Les deux choses pour lesquelles Gabriel se trouvait le plus tenté étaient intéressantes mais en bon fêtard, le jeune coiffeur avait une préférence pour les clubs. Avant d’exprimer le fond de sa pensée, il détailla leurs tenues vestimentaires ; de la tête aux pieds il n’y avait aucun prétexte à être recalé, même le sweatshirt bleu de son aîné devrait passer – surtout que son tee-shirt en dessous avait l’air tout à fait commun. « Club ? Sauf si on invite chacun quelqu’un à nous rejoindre au noraebang, parce qu’en fait à deux… ça risque de craindre un peu. » Suite à cela, il fronça le nez avant de prendre sa main avec douceur et surtout prudence – l’accident du bras un peu plus tôt ne lui était pas sorti de la tête. « Le crimson ? » C’est après avoir obtenu la réponse qu’ils prirent la route pour s’y rendre. Durant le voyage, Youngsun avait fait part du crush qu’il avait pour le jean de son aîné et le supplia plus d’un quart d’heure pour savoir où il l’avait acheté. Tout le monde les regardait mais il s’en fichait totalement et se plaça dans la file.