Bonjour, je me présente, lee jae won mais mes amis m'appellent jake, j'ai dix-sept ans et je suis actuellement sdf et voleur. Vous voulez en savoir davantage ? Et bien ... C'est un peu indiscret mais sachez que je suis célibataire et que je m'intéresse aux porte-monnaie (majoritairement ceux des femmes).

► ta famille « Je ne veux pas en parler. » « J’ai renié Jaewon lorsqu’il nous a renié. Il est tellement culotté ! » « Honnêtement, il reste mon petit frère, c’est juste que mes parents sont— ah, je dois y aller. » « A sa place je n’écouterais pas mogsoli. »
Vous vous attendiez à quoi ? Que l’on dresse un portrait du parfait fils et frère ? Il ne fallait pas trop espérer, ils sont tous en train d’émettre des jugements ou d’avoir la trouille de me parler à cause de la pression familiale. Je ne comprends pas pourquoi ils agissent ainsi, beaucoup de gens s’en sortent et sont aimés par leur famille même avec mogsoli dans leurs têtes. Avant que tout cela n’arrive, j’entretenais une relation normale avec mes parents, quelques disputes lorsque ma chambre n’était pas bien rangée ou lorsque mon bulletin de notes laissait à désirer. Donc rien de bien méchant. Avec mon frère et ma sœur, ça allait très bien aussi, nous étions tous les trois complices et nous faisions les quatre-cent coups dès que les adultes avaient le dos tourné. Maintenant, ironie du sort ; c’est eux qui m’ont tourné le dos. Pourquoi ? Parce que j’ai fait trop de conneries, c’était mauvais pour la réputation de la famille de me voir ramené par les flics au moins deux fois par mois. Mais je m’en fiche (quoi ? C’est vrai !), c’est très bien de vivre seul et d’être le seul maître de soi-même.
► tes amis Des amis ? Il y a de ceux qui vous lâchent au moindre coup dur.
« Mogsoli me fait peur alors j’ai arrêté de le fréquenter. » « Jaewon ? Il est devenu un vrai salaud ! » « Bah, moi je l’aime bien… mais j’ai des parents plutôt strictes, vous imaginez leurs têtes lorsqu’ils ont appris toutes les conneries qu’il fait ? Ils s’inquiètent de mes fréquentations, j’peux pas être son ami. »
Puis ceux qui – heureusement pour moi – vous restent fidèles jusqu’au bout.
« Moi aussi, mogsoli me parle, et alors ? » « Jake reste Jake ! Le reste, j’en ai rien à foutre. » « Je lui propose souvent de venir vivre avec moi, mais je crois que parce que niveau revenus c’est compliqué pour nous deux… il refuse toujours. »
Si cette fois encore, cela ne vous satisfait pas et que vous préférez que l’on remue un peu le couteau dans la plaie, je vais vous confier ce qu’ils disaient de moi avant. D’après mes amis – jusqu’à ce que j’atteigne le deuxième stade – j’étais quelqu’un de drôle, toujours présent pour les soutenir ou les faire rire en cas de coups durs. Puis, j’étais souvent dans la moyenne à l’école contrairement à eux donc forcément, ça fait naître une certaine admiration. Je peux avancer sans me tromper que ceux qui m’ont laissé tomber n’étaient en fait que des envieux jaloux, pas de vrais amis. Je me souviens que l’un d’eux m’avait dit au collège que j’avais de la chance d’être grand parce que ça me donnait un air athlétique, mais d’être beau aussi ; parait que ça faisait baver les filles… Ce après quoi il m’avait dit que le seul hic était mon manque de maturité. Hey ! Quel manque de maturité ? J’étais qu’un gamin de quatorze ans après tout. L’impulsivité était mon plus grand défaut et mogsoli se plaît à l’amplifier, je suis devenu quelqu’un de bagarreur d’après eux. Toujours drôle, un peu plus mature mais immoral (ils savent que je vole). Ils devraient s’estimer heureux que je me contrôle avec eux un minimum, même si j’ai pas la langue dans ma poche.
► tes exs J’en ai eu qu’une et je ne crois pas que de savoir ce qu’elle a à dire sur moi soit très intéressant puisque je lui ai brisé le cœur il y a deux ans. Ce n’est même pas certain qu’elle accepte de vous répondre mais vous pouvez essayer.
« Lee Jaewon ? Oh, ce Jaewon là… Il faisait rêver quasiment toutes mes camarades de classe (pour ne pas dire de l’école) mais il rejetait chaque personne venant se confesser à lui si bien que l’on avait fini par penser qu’il avait déjà une petite amie en dehors, comme une amie d’enfance ou une voisine par exemple. Ma meilleure amie de l’époque qui ne le trouvait pas à son goût m’avait quand même poussée à aller le voir… J’n’avais aucune idée de ce que j’allais lui dire, pas de grand discours en tête, j’ai débarqué et lui ai dit que j’voulais appendre à le connaître et sortir à lui comme l’on vous dit ‘passe-moi le sel’ et il a dit oui. Notre relation a duré un an et c’était très bien, je suis tombée amoureuse rapidement et je pensais qu’il l’était aussi, puis mogsoli a évolué et tout a basculé. Il n’était déjà pas de nature très calme ni prise de tête, mais ce fut encore pire. Et moi je trouvais qu’il flirtait trop avec les autres filles (même si avec le recul je dois avouer que c’était juste de la possessivité et qu’il ne faisait que leur parler), je lui faisais le reproche continuellement. On se disputait de plus en plus souvent et je pense que sa rancune l’a poussé à faire et dire les choses horribles comme d’embrasser une autre fille devant moi ou me dire qu’il rompait car il ne m’aimait pas. Je lui ai mis une gifle et après ça, plus rien. Par chance on terminait le collège et n’allions pas dans le même lycée, ça m’a rendue la tâche moins difficile. »
Mogsoli m’a dit de rompre car je n’allais pas m’épanouir, et même si sur le coup ça a été difficile – parce que bien sûr qu’après un an de relation j’étais amoureux d’elle – je pense qu’une fois de plus la voix avait raison. C’est dommage, j’avais aimé sa simplicité et timidité au premier abord… puis elle était jolie.
► ton/ta petit(e) ami(e) J’en ai pas et je ne vois pas cela près d’arriver, soyons sérieux ; qui souhaiterait avoir un petit ami qui a arrêté les études, vit dans la rue et vole l’argent des autres pour subvenir à ses besoins ? Qui plus qui a un sale caractère et risque de disparaître quelques jours en garde à vue ? Il faudrait être masochiste. Puis ce n’est pas non plus mon intérêt premier. J’ai trop tendance à écouter mogsoli (cette grosse jalouse) pour qu’une relation amoureuse se passe bien.
► des inconnus Les inconnus n’ont pas le temps de me voir parce que je vais dérober leurs biens, héhé. Bon d’accord, c’est un peu exagéré parce que je ne suis malheureusement pas « Flash » ! Je me promène sur mon skate et ce à n’importe quelle heure. Je suppose que ceux qui me voient traîner me prennent pour un gosse difficile qui préfère rester dehors plutôt que d’être avec sa famille – ce qui n’est donc pas loin d’être le cas ? – mais pas au point de deviner que je suis sdf. Après tout, je continue de m’habiller plus ou moins bien selon mon butin et je suis propre !
Si vous avez le malheur d’être l’une de mes victimes potentielles sachez que vous n’aurez ni l’occasion de voir mon visage en intégralité (une grosse partie se trouvant cachée derrière un gros masque noir et rouge), ni celle de voir mes cheveux, soigneusement dissimulé sous la capuche de mon sweat-shirt (Hm ? Des cheveux blond décoloré ça se repère plutôt facilement, faudrait être fou). La majorité des inconnus que je croise évite totalement de me regarder, comme s’il avait un panneau clignotant au-dessus de ma tête avec la citation « nid à emmerdes » alors qu’au contraire, d’autres me fixent intensément. Cela doit les rassurer de surveiller mes faits et gestes. Et vous, qu’est-ce que vous diriez sur moi ?

► si tu es atteint
Je déteste ce genre de question, dites-moi que c’est une blague ? Comme si ce n’était pas écrit sur ma face que j’en suis au troisième stade, à moins que cet air arrogant que j’affiche en permanence ne donne l’impression d’être naturel ? Franchement au début mogsoli ce n’était qu’un gros calvaire pour moi. J’avais treize ans la première fois que je l’ai entendu murmurer – maintenant elle a plus tendance à crier pour éviter que j’lui dise de la fermer – et j’ai cru qu’il s’agissait d’une blague de mes amis au collège. Je suis resté une heure durant la pause de midi à chercher dans la salle de classe où ils pouvaient avoir caché le talkie-walkie ou peu importe quel objet capable de me faire entendre leurs voix. Je crois que je ne voulais pas m’avouer que c’était bel et bien la célèbre voix qui me disait que j’aurais de meilleures notes en allant fouiller dans le dossier que le professeur laissait toujours sur son bureau durant cette même pause où tout le monde mangeait à la cafétéria. Et je l’ai fait (mais je vous laisse imaginer les conséquences quand j’me suis fait chopper). Je dirais que mogsoli a fait disparaître le peu de bonne conscience qu’il y avait en moi – en me mettant toujours dans l’embarras – et qu’elle continue de le faire en me conseillant de dérober le porte-monnaie de tel ou tel inconnu, par exemple. Je ne peux pas nier que parfois parfois oui elle me rend service, comme par exemple lorsque je suis un peu effrayé à l’idée d’entrer dans des locaux privés dans le but de prendre une douche. Elle réussit toujours à me rassurer (après je ne sais pas si c’est réellement par affection pour moi ou juste pour s’amuser), alors j’ai un peu de mal à m’imaginer sans elle à l’avenir. Je ne peux de toute façon que très rarement lui résister – ou du moins, pas longtemps –. J’ai atteint mon stade actuel seulement après avoir stagné au second pendant deux ans, le premier avait très vite évolué. Pour mon entourage c’est simple ; quasiment tout le monde a coupé les ponts et c’est peut-être mieux ainsi ! Pour ma famille, c’était effrayant la vitesse avec laquelle mogsoli fluctuait, mais aussi inquiétant de me voir ne pas chercher à lui résister. Ils en ont eu assez de mes situations embarrassantes – et à problèmes – alors que moi j’en ai eu assez d’eux tout court. J’ai préféré quitter le domicile familial plutôt que de me faire jeter dehors ! Bon, vous me direz que j’en suis au même point parce que j’ai fini sdf pareil, mais au moins ma fierté reste intacte.

► Il a un frère jumeau.
► Il suce encore son pouce.
► Il vit dans la rue depuis deux ans et ne veut pas travailler (bien qu'il aimerait posséder un appartement).
► Il a arrêté l'école sans diplômes et ses rêves avec.
► Il lui arrive fréquemment de squatter les kombini les soirs d'hiver.
► Il mange rarement à sa faim mais se lave au moins une fois tous les deux jours.
► Il est légèrement homophobe et ne se gêne pas pour le faire comprendre.
► Il se déplace toujours en skateboard avec un masque autour du cou qu'il passe lorsque lui vient l'idée de voler.

Parler de son ressenti d’une façon aussi détendue était pour Jihwan une grande première, il avait beau avoir été très proche de ses parents – une complicité qu’il n’avait vu dans aucune autre famille –, il ne s’était jamais exprimé sur ce qui lui passait par la tête. Ses amis de l’époque ? Il parlait d’un tas d’autres choses plus intéressantes à leurs yeux – les jeux vidéo, les filles et les fêtes –. Il s’agissait donc d’une nouvelle expérience qu’Alice lui permettait de vivre. La moue qui venait de prendre possession de son visage le fit sourire un peu ; il ne regrettait vraiment pas de l’avoir rencontrée ce matin, et loin de se l’admettre, il était conscient du fait qu’il irait rechercher sa présence dès que possible. Tout ce qui pouvait passer par la tête de sa vis-à-vis – qu’il venait de terminer de reporter sur le papier, jusqu’à la pointe des cheveux – lui était un mystère absolu, quelque chose dont il était loin de se douter. Le jeune homme était nerveux, il pensait cependant arborer un masque plutôt convaincant grâce à des années de théâtre. Tandis qu’il se confiait sur ce sentiment omniprésent, il l’entendit tousser et ne retint pas un air concerné et frôlant l’inquiétude ; alors qu’il écarta ses lèvres dans le but de la questionner, le rire qu’elle émit l’arrêta immédiatement.

Le caeli se montra attentif dès l’instant où les jolies lèvres sous ses yeux commencèrent leur danse, bien que fixé sur ces dernières son cerveau analysait en totalité ce qui lui était dit. Sa voix s’éleva à son tour en un pouffement accompagnant celui d’Alice. « Je n’en doute pas. » est ce qu’il s’était contenté de dire d’une double réponse aux remarques de sa camarade. Même s’il ne savait pas pour combien de temps encore il serait nerveux, même s’il ignorait ce que l’avenir lui réservait – et c’était sûrement mieux quelque part –, il voulait se convaincre qu’il s’agissait de quelque chose de positif. Jihwan appréciait aussi la gentillesse dont elle faisait preuve, est-ce qu’elle aussi avait été rassurée par un aîné à son arrivée ? Est-ce qu’elle vivait bien ? Pourquoi est-ce qu’elle se montrait aussi supportrice avec lui ? Voilà qu’il mourrait d’envie d’en connaître encore et encore sur son modèle dont il commençait à dessiner les formes sous son uniforme, comme il les imaginais, avant de les recouvrir des tissus noir, blanc et bleu. C’est pour cette raison qu’il n’avait pas tenu bien longtemps avant de poser les questions qui l’intriguait depuis quelques minutes déjà. Pour être certain qu’elle ne les interpréterait pas mal, il avait ajouté à ses mots une gestuelle taquine qui sembla avoir son effet ; Alice venait de glousser et cela était suffisant pour faire s’allonger la forme d’arc qu’avaient prises ses lèvres. Il y avait ressenti toute la gaieté qu’il venait de faire naître. Ses yeux s’étaient replacés sur la silhouette de son modèle et la voir replacer ses cheveux derrière son oreille de cette manière le fit frissonner. Elle était gracieuse, « probablement une danseuse ? » Pensa-t-il.

La surprise. Il l’avait devinée timide mais jamais il n’aurait imaginé qu’elle puisse répondre cela ; rien que la première phrase venait de le mettre en condition. « Sombre » ? Il ne supposa même pas à un jeu de mot, l’expression du visage et la voix d’Alice suffisaient à faire comprendre qu’elle était on ne peut plus sérieuse, et cela lui serra le cœur. Une autre surprise ; celle d’apprendre que le petit bout de femme, frêle et douce face à lui était en réalité une quatrième année. Il en avait vu un peu plus tôt, elles étaient fières et sûres d’elles, comme si elles pensaient être supérieures. Alors pourquoi était-elle différente alors qu’elle pouvait se permettre un peu de prétention d’être rendue à un niveau aussi avancé ? « Toujours un peu perdue », ces mots restèrent un suspend dans son esprit alors qu’il sentait sa propre nervosité s’intensifier graduellement. Il ne put retenir un sourire triste plus longtemps lorsqu’elle cita le manque de son père ; il pouvait très bien le comprendre bien qu’il n’en avait plus le droit à présent. « Peur de, mourir ? » Songea-t-il encore en baissant les yeux. Il constata que sa main avait continué de s’affairer – sur la végétation – et que le rendu était plutôt satisfaisant. Alors qu’il gommait quelques ratés, Jihwan ne se montra pas perturbé et continua à l’écouter, son cœur toujours en proie aux pressions. Un bref coup d’œil au jardin et il comprenait où elle voulait en venir. La fin de sa tirade se termina d’une conclusion mécanique que le caeli ignorait s’il devait la prendre au sérieux ou si Alice n’usait simplement pas de sa gentillesse une fois supplémentaire.

Le sourire qu’elle afficha ; désolé et un semblant…. vide, il ne le manqua pas et ne manqua pas non plus d’y répondre en essayant de se montrer le plus convaincant possible dans le fait qu’elle ne lui avait en aucun cas saboté le moral – une légère hypocrisie en somme –, l’artiste ne voulait juste pas qu’elle s’en veuille. Son humeur n’était pas la meilleure avant qu’elle ne le rejoigne, après tout. Suite à cela, il avait replongée toute son attention sur les tranches du livre dont il représentait chaque page d’un trait fin.

Alice parla d’une voix douce à la limite de l’innocence, il lui était reconnaissant de l’effort qu’elle venait de faire ; celui de changer de sujet. Afin de la remercier mais aussi de l’encourager, il rit. Son rire paraissait spontané – et l’était, en quelques sortes –, amusé. Il releva un regard emplit de malice vers elle et sourit en coin. « Avec plaisir, mais cela risque prendre un peu de temps avant que tu n’acquières toutes les bases, tu sais ? »
Jihwan lui laissa le loisir de répondre tout en touchant aux finissions, il troqua son crayon à papier contre un fusain ainsi qu’un bout de mouchoir. Comme par magie, alors qu’il frottait légèrement le trait dans un sens ou l’autre, des ombres apparaissaient. Il échangea une fois de plus le fusain contre une craie blanche avant de réitérer son geste ; il venait d’appuyer l’aura blanche de douceur de l’astre de la nuit. Plutôt fier une fois de plus, il sourit et s’étira avant d’apposer sa signature dans un coin, avec la date.

«Alice, » l’interpella-t-il tout en relevant la tête. « tu es prête ? »
La once de malice avait persisté dans ses yeux couleurs chocolat, il se leva et sautilla avec l’innocence d’un enfant jusqu’à elle avant de glisser le dessin sous ses yeux. « Tadam ! »